Applaudir à la messe, oui ou non ?

Il n’est pas rare que des applaudissements se fassent entendre dans les églises, spontanément ou à l’invitation du prêtre lui-même. N’y a-t-il pas d’autres moyens d’exprimer sa joie ?

Guy Debord n’était assurément pas un calotin. Pourtant, dans son fameux essai La Société du spectacle¸ publié en 1967, il remarqua que le spectacle – dans une compréhension large du terme – faisait désormais office de religion. Un lien qui se manifeste parfois dans les églises lors d’applaudissements compulsifs, parfois même à l’invitation du prêtre lui-même. L’on comprend que l’objectif est souvent d’accueillir ou de manifester sa joie, mais n’y a-t-il pas d’autre moyen que de taper dans ses mains, alors que ce geste est, en France tout du moins, associé à la scène ?

On reconnaîtra que la Parole de Dieu elle-même évoque le fait d’applaudir et y encourage : « Tous les peuples, battez des mains, acclamez Dieu par vos cris de joie ! » (Ps 46, 2) Les applaudissements sont cependant, dans ce cas, dirigés vers le Créateur lui-même. Ils sont le fruit de la gratitude, ce qui n’est pas la même chose quand il s’agit d’acclamer un futur baptisé présenté à la communauté ou de remercier l’organiste, si talentueux soit-il.

À quel moment

Au-delà du motif d’un tel geste, le moment choisi a son importance : la liturgie, notamment eucharistique, est un rite avec sa cohérence propre et dont le génie réside dans ce qu’il modèle toute l’assemblée. En revanche, applaudir un nouvel ordonné dans la procession de sortie est l’expression d’une joie qui prolonge la cérémonie qui s’achève.

Cela dit, une autre manière, certes plus intérieure et moins démonstrative mais plus liturgique, de manifester son allégresse est de chanter une hymne au un chant de louange. Et, même si l’on tape des mains en chantant, le sens de l’action n’est déjà plus le même puisqu’il est tourné vers Celui qui accorde toute grâce : le Laudate Dominum de Jacques Berthier, inspiré des Folies d’Espagne de Lully est devenu un classique en la matière. 

L’époque est à la manifestation des émotions, un phénomène encouragé dans l’Église par le Renouveau charismatique, au risque de l’oubli de l’avertissement du prophète Élie : Dieu se donne à voir dans le « murmure d’une brise légère » (cf. 1 Rs 19, 12). La présence de l’Invisible exige une exploration intérieure qui faisait dire au pape Jean XXIII lors d’une visite pastorale : « Si je dois exprimer un souhait, c’est que dans l’église, on ne crie pas, on n’applaudit pas, et on ne salue pas, même pas le Pape, parce que Templum Dei, templum Dei (‘Le temple de Dieu est le temple de Dieu’). »

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