Ste Catherine de Sienne et le purgatoire, audience générale du Pape Benoît XVI

Audience Générale du Pape Benoît XVI du 11 janvier 2011

Chers frères et sœurs,
née en 1447, Catherine de Gênes fit une expérience de conversion étonnante. Mariée à 16 ans avec un homme qui s’adonnait aux jeux de hasard, et insatisfaite du type de vie mondain qui était le sien, elle éprouvait vide et amertume en son cœur. Se rendant un jour à l’église pour se confesser, elle reçut alors «une blessure au cœur d’un immense amour de Dieu», qui lui montra à la fois ses misères et la bonté de Dieu. Immédiatement, elle décida de fuir le péché et le monde. 
Pendant 25 années, elle vécut, instruite intérieurement par le seul amour du Seigneur et nourrie par la prière constante et la communion quotidienne. Elle se dévoua au service des malades de l’hôpital de Pammatone qu’elle dirigea. Au cours de sa vie toute centrée sur Dieu et sur le prochain, Catherine reçut une connaissance particulière du purgatoire qu’elle décrit comme «un feu non extérieur mais intérieur» sur le chemin de la pleine communion avec Dieu. 

Devant l’amour de Dieu, l’âme fait une expérience de profonde douleur pour les péchés commis, alors qu’elle est liée par les désirs et la peine du péché qui la rendent incapable de jouir de la vision de Dieu. Il s’agit en effet, d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel. Chers amis, les saints, dans leur expérience d’union à Dieu, atteignent un «savoir» si profond des mystères divins, qu’ils sont une aide pour tous et pour les théologiens dans la recherche de l‘intelligence de la foi.

[...] La pensée de Catherine sur le purgatoire, pour laquelle elle est particulièrement connue, est condensée dans les deux dernières parties du livre cité au début : le "Traité sur le purgatoire" et le "Dialogue entre l'âme et le corps".

Il est important de noter que Catherine, dans son expérience mystique, n'a jamais de révélations spécifiques sur le purgatoire ou sur les âmes qui s'y purifient. Toutefois, dans les écrits inspirés par notre sainte, celui-ci est un élément central et la manière de le décrire possède des caractéristiques originales pour son époque.

Le premier élément original concerne le "lieu" de la purification des âmes. A son époque, on le représentait principalement en utilisant des images liées à l'espace : on pensait à un certain espace, où se trouverait le purgatoire. 
Chez Catherine, en revanche, le purgatoire n'est pas présenté comme un élément du paysage des entrailles de la terre : c'est un feu non extérieur, mais intérieur.

Tel est le purgatoire, un feu intérieur. La sainte parle du chemin de purification de l'âme vers la pleine communion avec Dieu, en partant de sa propre expérience de profonde douleur pour les péchés commis, face à l'amour infini de Dieu. 
Nous avons entendu parler du moment de la conversion, où Catherine ressent à l'improviste la bonté de Dieu, la distance infinie de sa propre vie de cette bonté et un feu brûlant à l'intérieur d'elle-même. Tel est le feu qui purifie, c'est le feu intérieur du purgatoire.

Il y a là aussi un élément original par rapport à la pensée de son temps. En effet, elle ne part pas de l'au-delà pour raconter les tourments du purgatoire – comme c'était l'usage à l'époque et peut-être encore aujourd'hui – puis indiquer le chemin de la purification ou de la conversion, mais notre sainte part de la propre expérience intérieure de sa vie en chemin vers l'éternité.

L'âme – dit Catherine – se présente à Dieu encore liée aux désirs et à la peine qui dérivent du péché, et cela l'empêche de jouir de la vision bienheureuse de Dieu. Catherine affirme que Dieu est si pur et si saint que l'âme avec les taches du péché ne peut se trouver en présence de la majesté divine. Et nous aussi nous sentons combien nous sommes distants, combien nous sommes emplis de tant de choses, qui ne nous laissent pas voir Dieu. 
L'âme est consciente de l'immense amour et de la parfaite justice de Dieu et, par conséquent, souffre de ne pas avoir répondu de manière correcte et parfaite à cet amour, et c'est précisément l'amour même pour Dieu qui devient flamme, l'amour lui-même la purifie de ses taches de péché.

On perçoit chez Catherine la présence de sources théologiques et mystiques auxquelles il était normal de puiser à son époque. On trouve en particulier une image typique de Denys l'Aréopagite, soit celle du fil d'or qui relie le cœur humain à Dieu lui-même. 
Quand Dieu a purifié l'homme, il le lie avec un très fin fil d'or qui est son amour, et il l'attire à lui avec une affection si forte, que l'homme est comme "dépassé et vaincu et tout hors de lui". Ainsi le cœur de l'homme est-il envahi par l'amour de Dieu qui devient le seul guide, le seul moteur de son existence.

Cette situation d'élévation vers Dieu et d'abandon à sa volonté, exprimée dans l'image du fil, est utilisée par Catherine pour exprimer l'action de la lumière divine sur les âmes du purgatoire, lumière qui les purifie et les élève vers les splendeurs des rayons fulgurants de Dieu.

Chers amis, les saints, dans leur expérience d'union avec Dieu, atteignent un "savoir" si profond des mystères divins, étant imprégnés de leur amour et de leur connaissance, qu'ils sont une aide pour les théologiens eux-mêmes dans leur travail d'étude, d'"intelligentia fidei", d'"intelligentia" des mystères de la foi, d'approfondissement réel des mystères, par exemple de ce qu'est le purgatoire. [...]

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