Prêtres et laïcs : « Approfondir l’équilibre »
À l’heure des ordinations sacerdotales, pour réfléchir à la place et à la figure du prêtre au sein de la communauté chrétienne, nous avons interrogé le P. Emmanuel Boudet, canoniste. En jeu : l’articulation du sacerdoce commun des fidèles et du sacerdoce ministériel des prêtres.
Paris Notre-Dame – Quel serait l’enjeu d’une «communion renouvelée » entre prêtres et laïcs, pour la vie pastorale ?
P. N.-D. – Dans son ministère, le prêtre agit « dans la personne du Christ, tête de l’Église » (« In persona Christi capitis »). Cela en fait-il un homme différent ?
E. B. – Le prêtre est un ministre ordonné. Dans son ministère sacerdotal, il pose des actes à travers lesquels passe de manière réelle et effective, l’action du Christ au cœur du monde. On dit que le prêtre agit dans la personne du Christ : c’est le Christ qui, à travers lui, baptise, remet les péchés... L’expression « In persona Christi capitis » est destinée à comprendre certains actes spécifiques (prêcher, sanctifier, diriger la communauté…). Mais le prêtre n’est pas l’incarnation vivante du Christ. Il reste un homme, avec ses faiblesses. Quant aux laïcs, ils agissent, eux aussi, par et dans le Christ et ont une responsabilité effective dans l’annonce du Royaume. Par leur baptême et leur confirmation, ils héritent d’une autonomie réelle concernant la prière, l’annonce de la Parole, le témoignage de vie. Leurs actions en ce sens ne dépendent pas uniquement de l’impulsion d’un prêtre mais principalement de celle de l’Esprit Saint. Tout l’enjeu est donc d’approfondir l’équilibre entre la place du prêtre et la juste autonomie des laïcs. L’Église n’est pas un bataillon hiérarchisé mais un corps divers, uni par l’eucharistie, porteur de la Bonne Nouvelle.
P. N.-D. – Comment interpréter l’appellation « père » donnée au prêtre ?
Propos recueillis par Laurence Faure