Parole de Mgr d’Ornellas : les bienheureux martyrs d’Algérie


« La sainteté est le plus beau visage de l’Église. » Ce propos du pape François s’est illustré en Algérie. La béatification de Mgr Pierre Claverie et de ses 18 compagnons, le 8 décembre 2018 à Oran (Algérie), dévoile la beauté de l’Église.

Paru dans Église en Ille-et-Vilaine n°303 – Décembre 2018

Cette beauté est souvent masquée par les voiles, plus ou moins noirs de nos péchés, que nous posons sur l’Église, notre Mère. Cette beauté demeure aussi cachée en raison de la cécité des regards trop habitués ou enclins à voir les grandeurs qui brillent, souvent de façon artificielle, superficielle ou éphémère. Saint Paul n’a-t-il pas senti cette inclination erronée : « N’ayez pas le goût des grandeurs, mais laissez-vous attirer par ce qui est simple. » (Romains 12,16)

La béatification a lieu en terre d’Algérie !

Cela a un sens particulier. Petite Église par le nombre, elle vit dans une grande simplicité la proximité avec les frères et sœurs musulmans, partageant leurs joies et leurs souffrances. Au milieu d’eux, elle tâche de vivre l’amour pour Dieu et pour le prochain. Sans espoir de vocations, elle garde l’espérance en Dieu, le maître de l’histoire. Assurée dans sa foi au Christ, elle porte un regard de bonté sur chacun d’eux car elle sait que Dieu aime chacun. Habitée par l’Évangile, elle porte ainsi témoignage de Celui qui est venu pour tous : Jésus, « doux et humble de cœur », l’unique Sauveur du monde.
Le P. Alain Dieulangard, que Mgr d’Ornellas a bien connu,
conscient des risques pris en Algérie, écrivait :
« Comme les apôtres sur le lac, nous n’avons plus
qu’à crier vers le Seigneur pour le réveiller…
L’avenir est entre les mains de Dieu. »

J’ai bien connu l’un des dix-huit béatifiés, le père Alain Dieulangard, père blanc.

Il venait chaque année se reposer et prier à Notre-Dame de Vie. En effet, sa sœur, Madeleine, y vivait. Je me souviens du regard serein et du large sourire du père Alain. Je revois son recueillement avec ses yeux fermés. J’entends sa voix basse et me remémore son humble effacement. S’échappait de lui une Présence à laquelle il était livré. Se devinait en lui une espérance pleine de silence devant le mystère de la si petite présence chrétienne face à la violence qui pouvait surgir à tout instant.

Sans difficulté, je reconnais le père Alain dans le témoignage donné par Amar : « Quand le Père Alain commence à me parler de Dieu, je me rappelle qu’il ferme les yeux et, avec douceur, il lâche ses mots à voix si basse qu’il me faut tendre l’oreille : il faut aimer Dieu notre Père, notre refuge et notre vie, en aimant aussi nos frères dans le Seigneur Jésus- Christ ; c’est ce qu’il nous répète sans cesse. »

Né à Saint-Brieuc le 21 mai 1919, le père Alain fut assassiné le 27 décembre 1994.

Avant sa mort, il écrit : « Comme les apôtres sur le lac, nous n’avons plus qu’à crier vers le Seigneur pour le réveiller… L’avenir est entre les mains de Dieu. »

Le père Alain est qualifié d’« homme de Dieu, recherchant l’absolu », mais humblement, discrètement, doucement…
Le père Alain est qualifié d’« homme de Dieu, recherchant l’absolu », mais humblement, discrètement, doucement… Il est reconnu comme martyr ainsi que les 18 autres béatifiés. Ils ont versé leur sang sur la terre où vivent les Algériens. L’un d’eux, musulman, a mêlé son sang à l’un des martyrs : le chauffeur de Mgr Claverie. Ils sont signe de l’amour de Dieu qui « a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils » (Jean 3,16). Oui, Dieu a « donné » son Fils unique aux fils et filles d’Algérie. Quel amour du Père dans ce don ! Quel amour du Fils, né de Marie, Jésus, pour les Algériens à qui il a été envoyé et demeure présent par son Église !

Ces dix-neuf martyrs, fils et filles de cœur de l’Algérie, attestent que l’Église y est « sacrement de la charité du Christ », comme l’y a invité le pape François. Mgr Pierre d'Ornellas, archevêque de Rennes, Dol et St Malo

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