Jesus Incomparable semaine 3


Vidéo 1 - Pourquoi Dieu s’est-il fait homme ?



Vidéo 2 - La conception virginale



Vidéo 3 - L’admirable échange



1. Puis Galaad coupa à Ephraïm les gués du Jourdain, et quand les fuyards d'Ephraïm disaient : "Laissez-moi passer", les gens de Galaad demandaient : "Es-tu Ephraïmite?" S'il répondait : "Non",alors ils lui disaient : "Eh bien, dis Shibbolet !" Il disait : "Sibbolet" car il n'arrivait pas à prononcer ainsi. Alors on le saisissait et on l'égorgeait près des gués du Jourdain. (Juges 12,5-7) 


2.  « Malade, notre nature demandait à être guérie ; déchue, à être relevée ; morte, à être ressuscitée. Nous avions perdu la possession du bien, il fallait nous la rendre. Enfermés dans les ténèbres, il fallait nous porter la lumière ; captifs, nous attendions un sauveur ; prisonniers, un secours ; esclaves, un libérateur. Ces raisons-là étaient-elles sans importance ? Ne méritaient-elles pas d'émouvoir Dieu au point de le faire descendre jusqu'à notre nature humaine pour la visiter, puisque l'humanité se trouvait dans un état si misérable et si malheureux ? » (Saint Grégoire de Nysse, oraison catéchétique 15, cité dans le CEC n°457) 

3. Pour tout être, ce qui est convenable est ce qui lui incombe en raison de sa nature propre ; c'est ainsi qu'il convient à l'homme de raisonner puisque, par nature, il est un être raisonnable. Or la nature même de Dieu, c'est l'essence de la bonté, comme le montre Denys. Aussi tout ce qui ressortit à la raison de bien convient à Dieu. Or, il appartient à la raison de bien qu'il se communique à autrui comme le montre Denys. Aussi appartient-il à la raison du souverain bien qu'il se communique souverainement à la créature. Et cette souveraine communication se réalise quand Dieu "s'unit à la nature créée de façon à ne former qu'une seule personne de ces trois réalités : le Verbe, l'âme et la chair", selon Saint Augustin. La convenance de l'Incarnation apparaît donc à l'évidence. (Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique IIIa, question 1, article 1, respondeo)

4. En sens contraire, sur le texte de S. Luc (Lc 19,10) : "Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu", Saint Augustin affirme : "Donc, si l'homme n'avait pas péché, le Fils de l'homme ne serait pas venu." Et sur cette parole (1Tm 1,5) : "Le Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs", la Glose affirme : "Il n'y a pas d'autre motif à la venue du Christ Seigneur que le salut des pécheurs. Supprimez la maladie, supprimez les blessures, et il n'y a pas de motif pour recourir aux remèdes." Réponse : Diverses opinions ont été émises à ce sujet. Certains prétendent que, même si l'homme n'avait pas péché, le Fils de Dieu se serait incarné. D'autres soutiennent le contraire, et c'est plutôt à leur opinion qu'il faut se rallier. En effet, ce qui dépend de la seule volonté de Dieu et à quoi la créature n'a aucun droit, ne peut nous être connu que dans la mesure où c'est enseigné dans la Sainte Écriture, qui nous a fait connaître la volonté de Dieu. Aussi, puisque dans la Sainte Écriture le motif de l'Incarnation est toujours attribué au péché du premier homme, on dit avec plus de justesse que l'œuvre de l'Incarnation est ordonnée à remédier au péché, à tel point que si le péché n'avait eu lieu, il n'y aurait pas eu l'Incarnation. Cependant la puissance de Dieu ne se limite pas à cela, car il aurait pu s'incarner même en l'absence du péché. (Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique IIIa pars, question 1, article 3, sed contra et respondeo)

5. « Ainsi tout a été fait pour ce divin homme, qui pour cela est appelé aîné de toute créature (…). On ne plante principalement la vigne que pour le fruit ; et partant, le fruit est le premier désiré et prétendu, quoique les feuilles et les fleurs précèdent en la production. Ainsi le grand Sauveur fut le premier en l’intention divine et en ce projet éternel que la divine Providence fit de la production des créatures : (…) Mais donc maintenant, mon Théotime, qui doutera de l’abondance des moyens du salut, puisque nous avons un si grand Sauveur, en considération duquel nous avons été faits, et par les mérites duquel nous avons été rachetés ? » (Saint François de Sales, Traité de l’Amour de Dieu II,5)


6. Réponse : Quelque chose est dit nécessaire à une fin de deux façons : de telle façon que sans cela quelque chose ne puisse pas exister ; c'est ainsi que la nourriture est nécessaire à la conservation de la vie humaine. Ou bien parce que cela permet de parvenir à la fin de façon meilleure et plus adaptée ; c'est ainsi qu'un cheval est nécessaire pour voyager. De la première façon l'Incarnation n'était pas nécessaire à la restauration de notre nature ; car Dieu, par sa vertu toute-puissante, aurait pu restaurer notre nature de bien d'autres manières. De la seconde façon, il était nécessaire que Dieu s'incarne pour restaurer notre nature. C'est ce que dit Saint Augustin : "Montrons que Dieu, à la puissance de qui tout est également soumis, avait la possibilité d'employer un autre moyen, mais qu'il n'y en a eu aucun plus adapté à notre misère et à notre guérison." (Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique IIIa pars, question 1, article 2, respondeo)

7. « Le nœud de la question était de savoir pourquoi Dieu s’est fait homme, afin de procurer par sa mort notre salut, qu’il aurait pu semble-t-il opérer par une autre voie. Pour la résoudre, vous avez démontré par plusieurs raisons péremptoires, qu’elle ne pouvait avoir lieu sans que l’homme payât à Dieu la dette contractée par le péché, dette qui était si grande, que due par l’homme seul elle ne pouvait être acquittée que par un Dieu, par conséquent par un Homme-Dieu. Donc il était nécessaire que Dieu unît la nature humaine à la sienne dans une seule personne, afin que l’homme débiteur incapable de s’acquitter par sa seule nature, existât dans une personne qui en fût capable. » (Saint Anselme, Cur Deus Homo ? II, 18)

8. « Le Prince de ce monde a ignoré la virginité de Marie et son enfantement, de même que la mort du Seigneur : trois mystères retentissants, qui furent accomplis dans le silence de Dieu. » (Saint Ignace d’Antioche, Ephésiens, 19,1) 

9.  (…) Elioud engendra Eléazar, Eléazar engendra Matthan, Matthan engendra Jacob,
    16 Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie, de laquelle naquit Jésus, que l'on appelle Christ.
    17 Le total des générations est donc : d'Abraham à David, quatorze générations ; de David à la déportation de Babylone, quatorze générations; de la déportation de Babylone au Christ, quatorze générations.
    18 Or telle fut la genèse de Jésus Christ. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph : or, avant qu'ils eussent mené vie commune, elle se trouva enceinte par le fait de l'Esprit Saint. 19 Joseph, son mari, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, résolut de la répudier sans bruit. 20 Alors qu'il avait formé ce dessein, voici que l'Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui  dit : "Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint ; 21 elle enfantera un fils, et tu l'appelleras du nom de Jésus : car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés." 22 Or tout ceci advint pour que s'accomplît cet oracle prophétique du Seigneur : 23 Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, et on l'appellera du nom d'Emmanuel, ce qui se traduit : "Dieu avec nous." 24 Une fois réveillé, Joseph fit comme l'Ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui sa femme ; 25 et il ne la connut pas jusqu'au jour où elle enfanta un fils, et il l'appela du nom de Jésus. (Matthieu 1,15-25)

10. «C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici, la vierge est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel » (Isaïe 7,14). Le prophète fait précéder sa prédiction de cet exorde : “Dieu lui-même vous donnera un signe”. Il s’agit donc de quelque chose de nouveau et de merveilleux. Mais s’il n’est question que d’une jeune fille ou d’une jeune femme qui doit enfanter, et non d’une vierge, où est le miracle ? Puisque ce nom n’indique plus que l’âge et non la virginité. Il est vrai qu’en hébreu c’est le mot betûlâh qui signifie vierge, mot qui ne se trouve pas dans cette prophétie ; il est remplacé par le mot ‘almâh que tous les interprètes, à l’exception de la Septante, ont traduit par jeune fille. Or le mot ‘almâh en hébreu a un double sens il signifie jeune fille et qui est cachée. Ainsi il désigne non seulement une jeune fille ou une vierge mais une vierge cachée qui n’a jamais paru au regard des hommes, et sur laquelle ses parents veillent avec le plus grand soin. La langue phénicienne qui tire son origine de l’hébreu (Lingua quoque Punica quae de Hebraeorum fontibus manare ducitur), donne aussi au mot ‘almâh le sens de vierge ; dans la nôtre alma signifie sainte. Les hébreux se servent de mots que l’on retrouve dans presque toutes les langues, et autant que je puisse consulter mes souvenirs, je ne me rappelle pas que le mot ‘almâh ait été employée une seule fois pour désigner une femme mariée ; il sert toujours à désigner rune vierge et non pas une vierge quelconque mais une vierge encore jeune, car il en est d’avancée en âge (Et quantum cum mea pugno memoria, nunquam me arbitror alma in muliere nupta legisse, sed in ea quae virgo est : ut non solum virgo sit, sed virgo junioris aetatis, et in annis adolescentiae. Potest enim fieri ut virgo sit vetula). » (Saint Jérôme, commentaire sur Isaïe, livre 3, c.7 ; PL 24, 108)

11. "Tu as eu, ô roi, une vision. Voici : une statue, une grande statue, extrêmement brillante, se dressait devant toi, terrible à voir.32 Cette statue, sa tête était d'or fin, sa poitrine et ses bras étaient d'argent, son ventre et ses cuisses de bronze,33 ses jambes de fer, ses pieds partie fer et partie argile.34 Tu regardais : soudain une pierre se détacha, sans que main l'eût touchée, et vint frapper la statue, ses pieds de fer et d'argile, et les brisa.35 Alors se brisèrent, tout à la fois, fer et argile, bronze, argent et or, devenus semblables à la bale sur l'aire en été ; le vent les emporta sans laisser de traces. Et la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne qui remplit toute la terre.
36 Tel fut le songe ; et son interprétation, nous la dirons devant le roi. 37 C'est toi, ô roi, roi des rois, à qui le Dieu du Ciel a donné royaume, pouvoir, puissance et honneur -- 38 les enfants des hommes, les bêtes des champs, les oiseaux du ciel, en quelque lieu qu'ils demeurent, il les a remis entre tes mains et t'a fait souverain sur eux tous -- , la tête d'or, c'est toi. 39 Et après toi se dressera un autre royaume, inférieur à toi, et un troisième royaume ensuite, de bronze, qui dominera la terre entière. 40 Et il y aura un quatrième royaume, dur comme le fer, comme le fer qui réduit tout en poudre et écrase tout ; comme le fer qui brise, il réduira en poudre et brisera tous ceux-là. 41 Ces pieds que tu as vus, partie terre cuite et partie fer, c'est un royaume qui sera divisé; il aura part à la force du fer, selon que tu as vu le fer mêlé à l'argile de la terre cuite. 42 Les pieds, partie fer et partie argile de potier : le royaume sera partie fort et partie fragile. 43 Selon que tu as vu le fer mêlé à l'argile de la terre cuite, ils se mêleront en semence d'homme, mais ils ne tiendront pas ensemble, de même que le fer ne se mêle pas à l'argile. 44 Au temps de ces rois, le Dieu du Ciel dressera un royaume qui jamais ne sera détruit, et ce royaume ne passera pas à un autre peuple. Il écrasera et anéantira tous ces royaumes, et lui-même subsistera à jamais : 45 de même, tu as vu une pierre se détacher de la montagne, sans que main l'eût touchée, et réduire en poussière fer, bronze, terre cuite, argent et or. Le Grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver. Tel est véritablement le songe, et sûre en est l'interprétation." (Daniel 2,31-45) 

12. « Tu ne peux souffrir (Marcion) que des langes le serrent (le Fils de Dieu), et qu'il semble qu'on se joue de lui par ces paroles d'amour dont on le flatte ; tu méprises ces bassesses de la nature, si digne de notre vénération ! Mais apprends-moi, Marcion, de quelle sorte tu as pris naissance : tu méprises l'homme qui naît sur la terre ; comment donc peux-tu aimer quelqu'un ? Certes, tu ne t’es pas aimé toi-même, quand tu t'es séparé de l'Église et de la foi de Jésus-Christ. Dis-moi enfin si tu méprises ta propre nature, ou si tu es né d'autre sorte que tous les hommes. Quant à Jésus-Christ, il a aimé cet homme pétri dans le sein maternel, et formé dans les entrailles de la femme ; cet homme d'une matière si vile qui a été le jouet de ceux qui l'ont nourri et élevé. C'est pour lui qu'il est descendu sur la terre ; c'est pour lui qu'il a prêché ; c'est pour lui qu'il s'est humilié jusqu'à la mort, et à la mort de la croix. Et de vrai, il a bien aimé celui qui lui a coûté un si grand prix, et qu'il a racheté si chèrement. (…) Il est donc vrai qu'en aimant l'homme, il a aussi aimé la naissance de l'homme, qu'il a aimé la chair, car l'on ne peut aimer une chose, si l'on n'aime ce qui la fait être, si l'on n'aime la nature par laquelle elle est ce qu'elle est. Ote à l'homme sa naissance et représente-nous l'homme, s'il est en ta puissance de nous le montrer séparé de cet état ; ôte-lui la chair, et montre-nous sans la chair cet homme que Dieu a racheté : mais comment le pourrais-tu faire, si cette naissance et cette chair c'est l'homme que Dieu a racheté. Quoi ! Tu veux que Jésus-Christ rougisse de ce qu'il a bien voulu racheter, et tu veux figurer indigne de Dieu ce qu'il n'eût pas racheté s'il ne l'eût aimé d'un amour tout singulier ? Il sauve de la mort la naissance, par une renaissance céleste ; il rend à la chair la guérison, et la délivre de toutes ses maladies ; il nettoie la lèpre ; il rend la lumière aux aveugles ; il restitue la vigueur au paralytique ; il chasse le malin esprit ; il ressuscite les morts ; et l'on croira qu'il rougit de naître dans cette chair pour laquelle il a fait tant de choses merveilleuses ! » (Tertullien, De carne Christi IV, 1)




13. La traduction française de l’Ave Maria rend par « entrailles » le mot grec « koïlia » qui peut être aussi traduit par « ventre » ou par « sein ». Certains préfèreraient cette dernière traduction plus proche du grec et du latin (ventris tui) et peut être moins trivial. Mais outre qu’il souligne avec force le réalisme de l’Incarnation, le mot « entrailles » a pour lui qu’il évoque en français la profondeur des sentiments « on est pris aux entrailles, nos entrailles s’émeuvent, on a des entrailles de père ou de mère ». Or c’est une affirmation constante de la tradition que Marie « conçut d’abord son Fils dans la foi avant de le concevoir dans la chair ». Autrement dit Jésus est d’abord le fruit des sentiments de foi, d’espérance et de charité de Marie, avant d’être le fruit de sa chair. En outre le mot « entrailles » a de puissantes résonances bibliques. N’est-ce pas exactement le sens du terme grec (splanchnisthaï) employé par St Luc pour désigner les sentiments du Père du fils prodigue (cf. Luc 15,20) ou encore ceux du Bon Samaritain face à l’homme blessé (cf. Lc 10,33). Le même mot est d’ailleurs appliqué à Dieu lui-même par Zacharie dans le chant du Benedictus « par les entrailles (viscera, en latin) de la miséricorde de notre Dieu » (cf. Lc 1,78). Dans la Bible les entrailles désignent donc les sentiments profonds que cause la miséricorde. Le mot hébreu rahamim (= la miséricorde) est de la même racine que le mot rehem (= les entrailles maternelles). On voit donc la convenance qu’il y a à conserver le mot entrailles dans la prière que l’Église adresse à celle qui est « Mère de Miséricorde » comme on le dit dans le Salve Regina. Jésus est aussi le fruit de cette miséricorde que Marie a pour les hommes pécheurs et qui lui fait désirer pour eux le salut que son Fils est substantiellement. On doit s’alarmer de version actuelle de l’Ave Maria qui non seulement supprime le mot entrailles, mais aussi le mot fruit et nous font chanter « et Jésus ton enfant est béni ». Car le mot fruit aussi est fort de sens biblique. Il nous renvoie au premier commandement reçu par nos premiers parents « fructifiez et multipliez » (Gn 1,28) mais aussi bien sûr au fruit de la femme dans le premier jardin. Marie est la Nouvelle Eve qui nous donne le fruit du salut comme l’antique Eve avait donné le fruit de la perdition. On trouve pour la première fois l’expression « fruit du ventre » dans la bouche de Jacob qui dit à Rachel, désespérée de n’avoir pas d’enfant : « Est-ce que je tiens la place de Dieu, qui t'a refusé le fruit du ventre » (Gn 30,1-2). Dans le Deutéronome à l’observance de la Loi est attachée une bénédiction du fruit des entrailles. Cette expression revient comme un refrain (Dt 7,13 ; 26,4.11 ; 28,18 ; 30,9) « Toi, tu obéiras de nouveau à la voix du Seigneur ton Dieu et tu mettras en pratique tous ses commandements que je te prescris aujourd'hui. Le Seigneur ton Dieu te rendra prospère en toutes tes entreprises, dans le fruit de tes entrailles, dans le fruit de ton bétail et dans le fruit de ton sol. Car de nouveau le Seigneur prendra plaisir à ton bonheur, comme il avait pris plaisir au bonheur de tes pères. » (Dt 30,8-9) (Guillaume de Menthière ; cf Je vous salue Marie, Mame, 2003, p77) 

14. « Quant à nous [chrétiens], l'homicide nous étant défendu une fois pour toutes, il ne nous est pas même permis de faire périr l'enfant conçu dans le sein de la mère, alors que l'être humain continue à être formé par le sang. C'est un homicide anticipé que d'empêcher de naître et peu importe qu'on arrache la vie après la naissance ou qu'on la détruise au moment où elle naît. C'est un homme déjà ce qui doit devenir un homme ; de même, tout fruit est déjà dans le germe. (Homo est et qui est futurus; etiam fructus omnis iam in semine est.) » (Tertullien, Apologeticum 9,8 ; PL 1,319-320)

15. S'Il n'était pas chair, à quoi bon l'intermédiaire de Marie ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui Gabriel appelait-il "Seigneur" ? S'Il n'était pas chair, qui était couché dans la crèche ? Et s'Il n'était pas Dieu, les anges descendus, qui glorifiaient-ils ? S'Il n'était pas chair, qui était enveloppé dans les langes ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui les bergers adoraient-ils ? S'Il n'était pas chair, qui Joseph circoncit-il ? Et s'il n'était pas Dieu, en l'honneur de qui l'étoile courait-elle dans le ciel ? S'Il n'était pas chair, qui Marie allaitait-elle ? Et s'Il n'était pas Dieu, à qui les mages offrirent-ils des cadeaux ? S'Il n'était pas chair, qui Siméon tenait-il dans ses bras ? Et s'il n'était pas Dieu, à qui disait-il : Tu me laisses m'en aller en paix (Lc 2,29) ? S'Il n'était pas chair, en prenant qui Joseph s'enfuit-il en Égypte ? Et s'Il n'était pas Dieu, en qui s'accomplirait le "J'ai appelé mon Fils hors d'Égypte (Os 11,1) ? S'Il n'était pas chair, qui Jean baptisa t-il ? Et s'Il n'était pas Dieu à qui le Père disait-Il : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis toute mon affection (Mt 3,17) ? S'Il n'était pas chair, qui jeûnait et eut faim dans le désert ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui les anges descendus servaient-ils ? S'Il n'était pas chair, qui fut invité aux noces à Cana en Galilée ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui changea l'eau en vin ? S'Il n'était pas chair, dans les mains de qui les pains se trouvaient-ils ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui rassasia les cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants, avec cinq pains et deux poissons ? S'Il n'était pas chair, qui était assis dans la barque ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui menaça le vent et la mer ? S'Il n'était pas chair, avec qui Simon le Pharisien mangea t-il ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui pardonna les péchés de la courtisane ? S'Il n'était pas chair, qui était assis sur le puits, fatigué de marcher ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui donna de l'eau vive à la Samaritaine, et qui décela qu'elle avait eu cinq maris ? S'Il n'était pas chair, qui portait des vêtements d'homme ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui faisait des prodiges et des miracles ? S'Il n'était pas chair, qui cracha à terre pour en faire de la boue ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui ouvrit des yeux avec la boue ? S'Il n'était pas chair, qui pleurait au tombeau de Lazare ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui ordonna au mort de quatre jours de sortir ? S'Il n'était pas chair, qui s'assit sur l'ânon ? Et s'Il n'était pas Dieu, à la rencontre de qui la foule sortit avec gloire ? S'Il n'était pas chair, qui les Juifs saisirent-ils ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui commanda à la terre et les jeta face contre terre ? S'Il n'était pas chair, qui reçut un soufflet ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui guérit l'oreille coupée par Pierre et la remit à sa place ? S'Il n'était pas chair, le visage de qui reçut-il des crachats ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui souffla sur les apôtres pour qu'ils reçoivent le saint Esprit ? S'Il n'était pas chair, qui se présenta devant Pilate dans le prétoire ? Et s'Il n'était pas Dieu, de qui la femme de Pilate eut-elle peur en songe ? S'Il n'était pas chair, les vêtements de qui les soldats ont-ils enlevés et partagés ? Et s'Il n'était pas Dieu, comment le soleil s'obscurcit-il au moment de la crucifixion ? S'Il n'était pas chair, qui était pendu sur la Croix ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui fit trembler la terre de tous ses fondements ? S'Il n'était pas chair, les mains et les pieds de qui les clous ont-ils transpercés ? Et s'Il n'était pas Dieu, comment le voile du temple se déchira t-il ? Comment les rochers se fendirent-ils et les sépulcres s'ouvrirent-ils ? S'Il n'était pas chair, qui s'écria : "Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m'as-tu abandonné" ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui dit : "Père, pardonne-leur" ? S'Il n'était pas chair, qui était pendu sur la Croix avec les larrons ? Et s'Il n'était pas Dieu, comment dit-Il au larron : "Aujourd'hui tu seras avec moi au paradis ? S'Il n'était pas chair, à qui offrirent-ils du vinaigre et du fiel ? Et s'Il n'était pas Dieu, en entendant la voix de qui l'enfer s'effraya-t-il ? S'Il n'était pas chair le côté de qui la lance a-t-elle piqué, en faisant jaillir du sang et de l'eau ? Et s'Il n'était pas Dieu, qui brisa les portes de l'enfer et en rompit les liens, et à l'ordre de qui les morts enfermés en sortirent ? S'Il n'était pas chair, qui les apôtres virent-ils dans la chambre haute ? Et s'Il n'était pas Dieu, comment entra-t-Il les portes fermées ? S'Il n'était pas chair, la marque des clous dans les mains et celle de la lance dans le côté, et que Thomas toucha, à qui étaient-elles ? Et s'Il n'était pas Dieu, à qui s'écria-t-il : "Mon Seigneur et mon Dieu" ? S'Il n'était pas chair, qui mangea sur les bords du lac de Tibériade ? Et s'Il n'était pas Dieu, à l'ordre de qui le filet se remplit-il de poissons ? S'Il n'était pas chair, qui les anges et les apôtres virent-ils monter au ciel ? Et s'Il n'était pas Dieu, pour qui le ciel s'ouvrit-il, qui les Puissances adorèrent-elles avec crainte, et pour qui le Père avait-Il dit : "Siège à ma droite, etc..." (Ps 109,1) ? (Saint Ephrem le Syriaque, homélie sur la divine Transfiguration de notre Seigneur) 

16. « Homo factus hominis factor : Il s’est fait homme le créateur de l’homme » (Saint Augustin, sermon 191,1 ; PL 38,1010). « Deos facturus qui homines erant homo factis est qui Deus erat : Pour faire dieux ceux qui étaient hommes, celui qui était Dieu s’est fait homme. » (Saint Augustin, sermon 192,1 ; PL 38, 1012) Cela Pierre ne l’avait pas encore compris quand il désirait vivre avec le Christ sur la montagne [de la Transfiguration] (cf Lc 9,33). Il t’a réservé cela Pierre pour après la mort. Mais maintenant il dit lui-même : Descend pour peiner sur la terre, pour servir sur la terre, pour être méprisé, crucifié sur la terre. La Vie descend pour se faire tuer ; le Pain descend pour avoir faim ; la Voie descend pour se fatiguer en chemin ; la Source descend pour avoir soif ; et tu refuses de peiner?  Saint Augustin, sermon 78, 6 ; PL 38, 492-493)

16 bis. Il n’avait pas en lui de quoi mourir pour nous, s’il ne prenait de nous une chair mortelle. Ainsi seulement l’Immortel pouvait mourir, ainsi il voulut donner la vie aux mortels, ainsi pouvaient un jour prendre part à sa vie ceux dont il avait d’abord partagé la vie. Car ni nous n’avions en nous le moyen de vivre, ni lui n’avait le moyen de mourir. Ce fut donc un étonnant échange que réalisa cette prise en charge réciproque : nôtre était sa mort, sienne sera notre vie. Cependant même la chair qu’il nous emprunta pour mourir, il nous l’avait d’abord donnée comme créateur, alors que la vie, dont nous vivrions en lui et avec lui, il ne l’avait pas reçue de nous. De même, en ce qui concerne notre nature qui nous fait hommes, il n’est mort par sa faute mais par la nôtre, car de sa nature qui le fait Dieu, il ne peut aucunement mourir. Mais en ce qui concerne la créature qu’il créa en tant que Dieu, elle mourut du sien, car la chair dans laquelle il mourut dut son œuvre. (Saint Augustin, Sermon Morin Guelferbytanus 3, 1-2 : PLS 2,545-546) 

17. Descendant du séjour céleste le Christ pénètre dans les bas fonds de ce monde, venu au monde selon un mode nouveau. Mode nouveau car invisible par nature il s’est rendu visible en notre nature ; insaisissable il a voulu être saisi ; lui qui demeure avant le temps, il a commencé à être dans le temps ; maître de l’univers il a pris la condition de serviteur en voilant l’éclat de sa majesté ; Dieu impassible il n’a pas dédaigné d’être un homme passible ; immortel de se soumettre aux lois de la mort. Naissance nouvelle que celle selon laquelle il est né, conçut par une vierge, né d’une vierge… (impassibilis Deus non dedignatus est homo esse passibilis et immortalis mortis legibus subjacere. Nova autem navitate genitus est, conceptus a Virgine, natus ex Virgine) (Saint Léon le Grand, Sermon 2 (XXII), §2 pour la Nativité du Seigneur ; PL 54, 195)
Il était en effet venu du ciel en ce monde comme un négociant riche et bienfaisant (dives atque misericors negotiator), et par un admirable échange (commutatione mirabili), avait conclu un marché (inierat commercium), prenant ce qui était à nous, et accordant ce qui était à lui, donnant pour les opprobres l’honneur, pour les douleurs la guérison, pour la mort, la vie. (Sermon III sur la Passion (41, LIV) §4 ; PL 54,321) Ne te laisse pas déconcerter par la faiblesse que j’ai prise. Si moi j’ai tremblé c’est en raison de ce que j’ai de toi, mais toi, sois sans crainte en raison de ce que tu tiens de moi. (Non te confundat infirmitas quam recepi. Ego de tuo fui trepidus, tu de meo esto securus) (Sermon III sur la Passion (41, LIV) §5 ; PL 54, 321)

18. « C’est Jésus-Christ homme qui est médiateur entre Dieu et les hommes, et c’est comme homme qu’il est notre médiateur aussi bien que notre voie. En effet, quand il y a une voie entre celui qui marche et le lieu où il veut aller, il peut espérer d’aboutir ; mais quand il n’y en a point ou quand il l’ignore, à quoi lui sert de savoir où il faut aller ? Or, pour que l’homme ait une voie assurée vers le salut, il faut que le même principe soit Dieu et homme tout ensemble ; Dieu, le but où l’on va ; l’homme, la route par où l’on va. (quo itur, Deus ; qua itur, homo)» (Saint Augustin, De Civitate Dei, XI, 2 ; PL 41,318)











































































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