Homélie : Rentrée pastorale diocésaine

 

Homélie de Mgr Pierre d’Ornellas,
archevêque de Rennes,

Le 11 septembre 2022,
au Sanctuaire de Notre-Dame de La Peinière

Colossiens 3,12-17 – Psaume 12 – Luc 1, 40-55

 

Mes amis,

Aujourd’hui, nous entendons une béatitude qui est donnée à la Vierge Marie alors qu’elle visite sa cousine, Élisabeth. Celle-ci discerne en Marie le trésor le plus précieux qui habite le cœur de Marie. Une fois qu’Élisabeth a salué Marie : « Tu es bénie entre toutes les femmes, le fruit de tes entrailles est béni », elle reconnait que Marie est la « Mère de son Seigneur ». Mais voici qu’elle en arrive au discernement de ce qui habite le cœur de Marie, ce qui la caractérise : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Voilà la dernière phrase d’Élisabeth à Marie ! Élisabeth reconnait que Marie est la croyante.

La foi de Marie

Marie est habitée par cette amitié particulière avec Dieu, par l’écoute de la Parole de Dieu, par l’Alliance que Dieu a scellée avec elle et avec son Peuple. Marie est tout simplement celle qui croit, qui a la foi. Tout son être adhère paisiblement et en toute confiance à Dieu, à sa Parole et à son dessein de Salut pour toute l’humanité. La voilà Marie !

Quand elle entend cette béatitude où elle est reconnue dans sa foi, elle laisse jaillir son Magnificat : « Mon âme exalte le Seigneur ! Mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur ! » Voilà la foi de Marie. Elle exulte en Dieu.

C’est une foi qui reconnait la joie de Dieu, joie de Dieu qui œuvre parmi nous, joie de Dieu qui nous sauve, joie de Dieu quand « il élève les humbles », joie de Dieu quand « son amour s’étend de génération en génération », joie de Dieu quand il sanctifie parce que « saint est son nom ».

Aucune crainte dans le cœur de Marie. La foi lui fait reconnaitre tout simplement l’œuvre de Dieu. Elle reconnait pour elle cette œuvre de Dieu, qui nous dit quelque chose de sa tendresse : « Il s’est penché sur son humble servante ». Quelle foi en Marie !

Frères et sœurs dans le Christ

Mes amis, alors même que nous avons vécu dans notre diocèse, en communion avec le pape François et avec toute l’Église à travers le monde, cette démarche synodale où nous avons essayé d’avancer ensemble pour nous rencontrer, pour nous écouter et pour discerner – nous l’avons continué ce matin –, nous sommes invités à essayer de continuer à vivre comme des frères et des sœurs, comme des humbles vis-à-vis des autres et vis-à-vis de Dieu. Voilà qu’au cœur de cette démarche synodale, au cœur de cette avancée où nous avançons tous ensemble, Marie, qui marche au milieu de nous, nous donne son trésor, son secret : la foi. La foi remplie de confiance en Dieu.

Non pas d’abord le regard sur les problèmes, ni l’analyse des difficultés, non pas d’abord le regard sur ce que font mal les autres, mais cette confiance, cette foi paisible en Dieu qui accomplit son œuvre.

Et quelle est l’œuvre de Dieu parmi nous – on pourrait dire le rêve de Dieu – quand il nous a donné son Fils, Jésus, quand il nous envoie l’Esprit Saint ? Il nous rassemble dans l’unité. Il fait de nous des frères et des sœurs. Il fait tellement de nous des frères et des sœurs qu’Il nous donne son Fils, Jésus, comme notre « frère aîné », comme dit l’Écriture.

Quelle fraternité à laquelle nous sommes appelés ! Une fraternité qui dépasse ce que nous pouvons entendre ici ou là dans le monde sur la fraternité, ce que nous pouvons entendre dans notre République sur la fraternité. C’est une fraternité qui vient de Dieu et qui n’existe que parce que nous vivons en communion avec Dieu. À cette fraternité, on sent que l’apôtre saint Paul quand il écrit sa lettre aux Colossiens, comme nous venons de l’entendre, il appelle les Colossiens à la vivre dans l’unité, et par-dessus tout qu’il y ait l’amour.

Nous aimer les uns les autres en nous accueillant. Saint Paul énumère les attitudes qui permettent que nous soyons frères et sœurs, comme si sa proclamation aux Colossiens était la Charte de la vie synodale dans l’Église, c’est-à-dire de la vie de l’Église tout court, la vie de nos aumôneries, de nos mouvements, de nos Communautés religieuses, de nos Communautés paroissiales. Être frères et sœurs, quelles que soient les missions que nous avons et qui sont différentes !

La Charte de la vie synodale : Colossiens 3, 12-17

Voilà que nous sommes invités à la « bienveillance » ! Voilà que saint Paul nous invite à la « douceur », à l’« humilité », à la « compassion » ! Ainsi, saint Paul décrit, si je peux dire, cette magnifique vie de l’Église où dans toute communauté nous nous considérons comme frères et sœurs, où nous apprenons à nous écouter les uns les autres pour ensemble discerner comment mieux laisser l’Évangile, c’est-à-dire l’Amour de Dieu, le visage de Jésus rayonner pour que des hommes et des femmes, pour que des enfants et des personnes âgées découvrent qu’ils sont aimés, aimés passionnément, aimés avec tendresse par Dieu, par notre « grand Dieu », comme nous le lisons dans l’Écriture. Il est grand par sa tendresse, Il est grand par sa proximité, Il est grand par l’attention qu’Il a pour chacun de nous, Il est grand par sa fidélité délicate, Il est grand par ses dons qu’Il nous fait et singulièrement le don du Baptême et le don de l’Eucharistie.

Mes amis, en cette fête de rentrée pour nous, pour le saint Peuple de Dieu qui est en Ille-et-Vilaine, pour notre diocèse, demandons à la Vierge Marie de marcher avec nous, de nous accompagner et de chanter au milieu de nous son Magnificat pour qu’elle puisse nous aider à grandir dans la foi, à percevoir la Présence de Dieu avec tous ses dons. Qu’elle puisse, comme seule sait le faire une mère, la Mère qu’est la Vierge Marie, nous apprendre à nous qui sommes ses enfants, qui sommes des frères et sœurs, à nous aimer les uns les autres, et à discerner ensemble ce que nous avons à faire pour que nous puissions être tout accueil, toute bonté, que nous puissions rayonner l’Évangile, rayonner l’Amour de Dieu, rayonner l’Amour de Jésus là où nous sommes concrètement, auprès de qui nous sommes placés, envoyés.

Que la Vierge Marie soit au milieu de nous la femme, la Mère qui nous éduque dans la foi et qui fait grandir en nous la foi qui se vit dans l’amour et dans l’espérance. Amen.

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