Entrée en Carême

 

« Nous entamons aujourd’hui le temps liturgique du carême avec le rite suggestif de l’imposition des cendres, à travers lequel nous voulons prendre l’engagement de convertir notre cœur vers les horizons de la Grâce. (…) Il est un don précieux de Dieu, c’est un temps fort et dense de significations sur le chemin de l’Eglise, c’est l’itinéraire vers la Pâque du Seigneur. (…) « Revenez à moi de tout votre cœur » (Jl 2,12). (…) Aujourd’hui retentit pour nous l’appel « Revenez à moi de tout votre cœur »; aujourd’hui, c’est nous qui sommes appelés à convertir notre cœur à Dieu, toujours conscients de ne pas pouvoir réaliser notre conversion seuls, avec nos forces, parce que c’est Dieu qui nous convertit. Il nous offre encore son pardon, en nous invitant à revenir à Lui pour nous donner un cœur nouveau, purifié du mal qui l’opprime, pour nous faire prendre part à sa joie. Notre monde a besoin d’être converti par Dieu, il a besoin de son pardon, de son amour, il a besoin d’un cœur nouveau. « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20). (…) Tous peuvent s’ouvrir à l’action de Dieu, à son amour ; à travers notre témoignage évangélique, nous, chrétiens, devons être un message vivant ; dans de nombreux cas, nous sommes même l’unique Evangile que les hommes d’aujourd’hui lisent encore. Voilà notre responsabilité sur les traces de saint Paul, voilà un motif de plus pour bien vivre le carême : offrir le témoignage de la foi vécue à un monde en difficulté qui a besoin de revenir à Dieu, qui a besoin de conversion. « Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour vous faire remarquer d’eux » (Mt 6, 1). (…) Lorsque l’on accomplit quelque chose de bon, presque instinctivement naît le désir d’être estimé et admiré pour la bonne action, c’est-à-dire d’avoir une satisfaction. Et cela, d’une part, conduit au repli sur soi, et, de l’autre, à aller au dehors de soi, car l’on vit projeté vers ce que les autres pensent de nous et admirent en nous. En reproposant ces prescriptions, le Seigneur Jésus ne demande pas le respect formel d’une loi étrangère à l’homme, imposée par un législateur sévère comme un lourd fardeau, mais invite à redécouvrir ces trois œuvres de piété en les vivant de façon plus profonde, non pas par amour propre, mais par amour de Dieu, comme moyens sur le chemin de conversion à Lui. Aumône, prière et jeûne : tel est l’itinéraire de la pédagogie divine qui nous accompagne, non seulement au cours du carême, vers la rencontre avec le Seigneur Ressuscité ; un itinéraire qu’il faut parcourir sans ostentation, dans la certitude que le Père céleste sait lire et voir également dans le secret de notre cœur. (…) » Extrait de l’homélie du Pape Benoît XVI du 09/03/2011


« Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » (Marc 1,15) Le Mercredi des Cendres, chacun de nous entend cette belle invitation du Seigneur. Cet appel résonne au fond de notre conscience. Nous nous sentons appelés à aimer en vérité. Saint Paul nous enseigne que « l’amour du prochain » est le résumé de la Loi de Dieu (Romains 13,9). Cette Loi n’est pas une contrainte mais une lumière qui éclaire nos libertés afin que nous choisissions de faire le bien, d’aimer en actes et en vérité. Dieu nous la donne pour nous guider sur nos chemins de vie et de foi. Sa Loi est une grâce. Elle dévoile le visage de Dieu qui est « riche en miséricorde » (Éphésiens 2,4) : il pardonne à profusion. « Dieu a envoyé son Fils non pas pour condamner le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » (Jean 3,17) Au long de ses rencontres, Jésus proclame : « Tes péchés te sont pardonnés. » (Luc 5,20) Alors qu’il fait route vers Jérusalem, il affirme sa joie « pour un seul pécheur qui se convertit » (Luc 15,7.10), et il enseigne la joie du fils qui se convertit (Luc 15,22-24). Au terme de son existence, crucifié aux portes de la Ville, il prie : « Pardonne-leur… » (Luc 23,34) L’Écriture sainte ne cesse pas de nous inviter à la conversion et à la joie d’être pardonnés. La Tradition de l’Église en est nourrie. Le Catéchisme de l’Église Catholique (CEC) en témoigne. « L’appel du Christ à la conversion continue de retentir dans la vie des chrétiens. […] Cet effort de conversion n’est pas seulement une œuvre humaine. Il est le mouvement du cœur contrit (cf. Psaume 51,19) attiré et mû par la grâce (cf. Jean 6,44 ; 12,32) à répondre à l’amour miséricordieux de Dieu qui nous a aimés le premier (cf. 1 Jean 4,10). » (CEC, n. 1428-1429) « Dieu nous donne la force de commencer à nouveau. C’est en découvrant la grandeur de l’amour de Dieu que notre cœur est ébranlé par l’horreur et le poids du péché. » (CEC, n. 1432) Par le sacrement de Réconciliation, le Christ lui-même pardonne les péchés. Ressuscité et vivant, il vient à la rencontre du cœur humain qui, devant Dieu, se reconnaît humblement pécheur. En ce cœur, l’Esprit Saint suscite la « contrition » face à l’amour infini dont il se découvre aimé : « Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché » (Psaume 50,3). En ce cœur, l’Esprit Saint aiguise le désir de vérité : « Tu veux au fond de moi la vérité ; dans le secret, tu m’apprends la sagesse. » (Psaume 50,8) Alors jaillit cette belle prière : « Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. Rends-moi la joie d’être sauvé. » (Psaume 50,12.14) Quand je pense au sacrement de Réconciliation, le premier mot qui me vient, c’est la joie. L’aveu de nos fautes est tellement libérateur ! Il est nécessaire parce que nous sommes des êtres de parole. Notre cœur a besoin de verbaliser le poids qu’il porte pour en être libéré. En ce temps béni du Carême, faisons silence, méditons les Évangiles ou l’enseignement des Apôtres. Grâce à cette méditation, reconnaissons quand nous avons dévié de la route par manque d’amour, de fidélité à Dieu, à notre Baptême, à notre Mariage, à notre Consécration. Allons alors à la source de la joie en murmurant cette prière : Seigneur Jésus, « rends-moi la joie d’être sauvé » ! Demandons pardon en avouant nos péchés et en recevant l’absolution du prêtre par laquelle le Christ dit : « Je te pardonne tous tes péchés. » Et soyons dans la joie d’être lavés en nos âmes, purifiés en nos cœurs, rajeunis en tout notre être, réconciliés avec Dieu et avec nos frères et sœurs. » Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, Dol et St Malo


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