Les anges dans la tradition arménienne, avec Jean-Pierre Mahé
Contrairement au latin ou au géorgien, l'arménien n'a pas emprunté au grec le mot angelos, mais désigne les anges par un terme d'origine iranienne signifiant "messager". Pourtant, plutôt que des émissaires divins chargés de porter des messages, les anges sont la manifestation lumineuse de la gloire divine – un autre mot iranien emprunté au zoroastrisme. De son côté, la synaxe eucharistique commence par le Sanctus, inspiré des visions d'Isaïe et d'Ezéchiel, où les anges jouent un rôle essentiel. Mais, dans la liturgie chrétienne, la triple acclamation s'adresse aux trois personnes de la Trinité, et les anges constatent avec stupeur les conséquences de l'Incarnation.
Les hiérarchies angéliques servent de modèle à la hiérarchie ecclésiastique. Aux VIIe-VIIIe s., l'autocéphalie des églises nationales s'appuie sur ce point. À côté de cette angélologie savante, subsistent des croyances populaires comme les prières orales du matin et du soir.
Pour en parler, nous recevons Jean-Pierre Mahé. Membre de l’Institut, Directeur d’études émérite à l’École Pratique des Hautes Études, Jean-Pierre Mahé est spécialiste de l’histoire du christianisme oriental et plus particulièrement de l’Arménie et de la Géorgie.
