Semaine 10 Jésus, l'incomparabe - Il viendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts

Vidéo 1 - Les trois venues du Seigneur




Vidéo 2 - Le jugement dernier




Vidéo 3 - Enfer et Paradis




COMPLÉMENT



TEXTES

1. En effet, le Seigneur Christ, notre Dieu, le Fils de Dieu, vient de façon cachée dans son premier avènement, et de façon manifeste dans le second (primo adventu venit occultus, secundo adventu veniet manifestus). Quand il est venu caché, il n’a été connu que de ses serviteurs ; quand il viendra manifestement, il sera connu des bons et des mauvais. Quand il est venu caché, c’était pour être jugé ; quand il viendra manifestement, ce sera pour être le juge. Enfin, quand autrefois il était jugé, il s’est tu, et le prophète avait prédit ce silence : Comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche (Is 53,7). Mais Il viendra manifestement, notre Dieu, et il ne se taira pas. (Psaume 49,3) S’il s’est tu quand il allait être jugé, il ne se taira pas lorsqu’il viendra comme juge (Non quomodo siluit, quando judicandus erat, ita silebit quando judicaturus erit). (Saint Augustin, sermon 18 ; PL 38,128-129)
2. Il y a trois avènements du Seigneur, le premier dans la chair, le second dans l'âme, le troisième par le jugement (Tres sunt adventus Domini : primor in carnem , secundus ad animam, tertius ad judicium). Le premier a eu lieu au milieu de la nuit, suivant ces paroles de l'évangile : « Au milieu de la nuit un cri s'est fait entendre : voici l'Époux ! » (Mt 25,6) Et ce premier avènement est déjà passé, car le Christ a été vu sur la terre et a conversé avec les hommes (Ba 4,38).
Nous sommes maintenant dans le second avènement, pourvu toutefois que nous soyons tels qu'il puisse venir ainsi à nous, car il a dit que si nous l'aimons, il viendra à nous et fera sa demeure en nous (Jn 14,23). Ce second avènement est donc pour nous une chose mêlée d'incertitude, car quel autre que l'Esprit de Dieu connaît ceux qui sont à Dieu (1Co 2,11) ? Ceux que le désir des choses célestes ravit hors d'eux-mêmes savent bien quand il vient ; cependant, ils « ne savent pas d'où il vient ni où il va » (Jn 3,8). 
Quant au troisième avènement, il est très certain qu'il aura lieu, très incertain quand il aura lieu (De tertio adventu certissimum est quod veniet incertissimum tamen quando veniet), puisque rien n'est plus certain que la mort et rien de plus incertain que le jour de la mort. « Au moment où l'on parlera de paix et de sécurité, c'est alors que la mort apparaîtra soudain, comme les douleurs de l'enfantement au sein de la femme, et nul ne pourra fuir » (1Th 5,3). Le premier avènement a été donc humble et caché, le second est mystérieux et plein d'amour, le troisième sera éclatant et terrible. Dans son premier avènement, le Christ a été jugé par les hommes avec injustice ; dans le second, il nous rend justice par sa grâce ; dans le dernier, il jugera toutes choses avec équité - Agneau dans le premier avènement, Lion dans le dernier, Ami plein de tendresse dans le second. (Pierre de Blois, Sermon 3 pour l'Avent ; PL 207,569-570) 
Dans son premier avènement le Christ est venu dans notre chair et dans notre faiblesse ; dans son avènement intermédiaire il vient en Esprit et puissance ; dans son dernier avènement il viendra dans sa gloire et dans sa majesté (In primo venit in carne et infirmitate ; in hoc medio, in spiritu et virtute, in ultimo in gloria et majestate). Mais c’est par la force des vertus que l’on parvient à la gloire, comme il est écrit : « Le Seigneur des armées, c’est lui le roi de gloire » (Ps 23, 10), et dans le même livre : « Pour que je voie ta puissance et ta gloire » (Ps 62, 3). Le second avènement est donc comme la voie qui conduit du premier au dernier. Dans le premier, le Christ a été notre rédemption ; dans le dernier, il apparaîtra comme notre vie ; dans sa venue intermédiaire, il est notre repos et notre consolation. (Saint Bernard de Clairvaux, Sermons 5 pour l'Avent ; PL 183,50-51)

3 Vous devez savoir, frères très chers, que ce temps bienheureux, que nous appelons « avent », a trait à deux réalités. C'est pourquoi double doit être notre joie, car double est bien notre avantage ! Ce temps représente les deux avènements de notre Seigneur : d'abord le très doux avènement du plus beau des enfants des hommes, du désiré de toutes les nations, du Fils de Dieu qui manifesta visiblement dans la chair à ce monde sa présence longtemps attendue et, par tous les saints Pères, ardemment désirée : avènement où il vint dans le monde pour sauver les pécheurs. Ce temps rappelle aussi l'avènement que nous attendons avec une ferme espérance et que nous devons aussi très souvent nous remémorer avec des larmes, celui qui aura lieu lorsque le même Seigneur viendra manifestement dans la gloire, comme le chante le psaume : « Notre Dieu viendra manifestement » : c'est-à-dire au jour du jugement lorsqu'il viendra manifestement pour juger(id est in die judicii quando veniet manifestus judicare). Le premier avènement fut connu de très peu d'hommes : dans le second, il se manifestera aux justes et aux pécheurs comme l'annonce le Prophète : « Et toute chair verra le salut de Dieu. » 
Cependant, comme le jour que nous allons bientôt célébrer en mémoire de sa naissance nous rappelle d'abord que le Seigneur est né, c'est-à-dire signifie plus expressément ce jour et cette heure où il vint dans le monde, ainsi le temps que nous célébrons avant Noël représente le Christ comme désiré ; c'est-à-dire comme le désir des anciens Pères qui vécurent avant sa venue. C'est pourquoi l'Église a fort bien prévu que dans ce temps nous seraient lues les paroles et remémoré le désir de ceux qui vécurent avant la première venue du Seigneur. (Sermon du Bienheureux Aelred de Rievaulx sur l’Avent ; PL 195,209) 
Il va de soi, mes frères, que vous devez célébrer de toute votre dévotion l’avènement du Seigneur, étant charmés par une telle consolation, stupéfaits par une telle commisération, enflammés par une telle dilection ! (delectati tanta consolatione, stupefacti tanta dignatione, inflammati tanta dilectione) Mais ne pensez pas seulement à l’avènement où le Seigneur est venu chercher et sauver ce qui était perdu (Lc 19,10) ; pensez à celui où il viendra pour nous prendre avec lui. Puissiez-vous consacrer à ces deux avènements une méditation prolongée, en ruminant dans vos cœurs ce qu’il a donné dans le premier, ce qu’il a promis dans le second ! (Saint Bernard, Sermons sur l’avent du Seigneur, 4, 1 ; PL 183,47)

4. Tout chrétien doit donc veiller afin que l'avènement du Seigneur ne le surprenne pas sans être préparé. Or, celui-là ne sera pas trouvé prêt au dernier jour du monde, qui n'aura pas été trouvé prêt au dernier jour de sa vie (Imparatum autem inveniet ille dies, quem imparatum invenerit suae vitae hujus ultimus dies). Les apôtres savaient au moins, certainement, que le Seigneur ne viendrait pas pendant qu'ils seraient encore en ce monde ; et cependant, qui peut douter qu'ils se soient montrés vigilants et observateurs fidèles de la recommandation divine, de peur que le Maître, arrivant tout à coup, ne les surprît sans être préparés ? (Saint Augustin, lettre 199 à Hésychius ; PL 33, 906) 

5. Le Christ est la lumière des peuples ; réuni dans l'Esprit-Saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes créatures la bonne nouvelle de l'Evangile répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l'Eglise (cf. Mc 16,15). L'Eglise étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c'est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain, elle se propose de préciser davantage, pour ses fidèles et pour le monde entier, en se rattachant à l'enseignement des précédents Conciles, sa propre nature et sa mission universelle. A ce devoir qui est celui de l'Eglise, les conditions présentes ajoutent une nouvelle urgence: il faut en effet que tous les hommes, désormais plus étroitement unis entre eux par les liens sociaux, techniques, culturels, réalisent également leur pleine unité dans le Christ. (Concile Vatican II, Lumen Gentium n°1)

6. Veillez, car vous ne savez ni le jour ni l’heure (Mt 25,13). Bien que le Seigneur parle ainsi pour tous, il s’adresse uniquement à ses contemporains, comme dans beaucoup d’autres de ses discours qu’on lit dans l’Écriture. Pourtant, ces paroles concernent tous les hommes parce que, pour chacun d’eux, le dernier jour arrivera ainsi que la fin du monde, quand il devra quitter cette vie. Il est donc nécessaire que chacun en sorte comme s’il devait être jugé ce jour-là. C’est pourquoi tout homme doit veiller à ne pas se laisser égarer, mais à rester vigilant, afin que le jour du Seigneur, quand il viendra, ne le prenne pas au dépourvu. Car celui que le dernier jour de sa vie trouvera sans préparation, serait encore trouvé sans préparation au dernier jour du monde. Je ne pense donc nullement que les Apôtres aient cru que le Seigneur viendrait juger le monde pendant leur vie ; et pourtant, qui douterait qu’ils aient été attentifs à ne pas se laisser égarer, à veiller et à observer tous les conseils, donnés à tous, pour qu’ils soient trouvés préparés ? 
C’est pourquoi il faut toujours tenir compte d’un double avènement du Christ : l’un quand il viendra, et que nous devrons rendre compte de tout ce que nous aurons fait ; l’autre, quotidien, quand il visite sans cesse notre conscience, et qu’il vient à nous afin de nous trouver prêts lors de son avènement (et ideo semper duplex adventus Christi observandus est ; unus quando veniet et rationem reddituri sumus de omnibus quaecumque gessimus, alius vero quotidianus, quando conscientias jugiter visitat nostras, et ad nos venit, ut cum venerit nos paratos inveniat). A quoi me sert, en effet, de connaître le jour du jugement, lorsque je suis conscient de tant de péchés ? De savoir si le Seigneur vient, et s’il ne vient pas d’abord dans mon cœur et ne revient pas dans mon esprit, si le Christ ne vit pas et ne parle pas en moi ? Alors, oui, il m’est bon que le Christ vienne à moi, si avant tout il vit en moi et moi en lui. Alors pour moi, c’est comme si le second avènement s’était déjà produit, puisque la disparition du monde s’est réalisée en moi, parce que je puis dire d’une certaine manière : Le monde est crucifié pour moi et moi pour le monde (Ga 6,14). (Saint Paschase Radbert, Commentaire sur l’évangile de Matthieu 11,24 ; PL 120,800) 

7. « Ainsi, pour prendre une image, dans une guerre, la bataille décisive peut avoir été livrée au cours de l'une des premières phases de la campagne, et pourtant les hostilités se poursuivent encore longtemps. […] Telle est exactement la situation où le Nouveau Testament, une fois reconnue la division nouvelle du temps, a la conviction de se trouver : la révélation est précisément le fait de proclamer que la mort sur la croix, suivie de la résurrection, est la bataille décisive déjà gagnée. » (Oscar Cullmann, Christ et le temps (Anm. 7) 58) « La ligne du temps [...] est, selon le Nouveau Testament, coupée : il y a un milieu temporel (accomplissement) et une fin temporelle (achèvement). J’ai résumé cette tension par la formule : “déjà” et “pas encore” ; et je l’ai illustrée par une image bien comprise au moment où j’ai fixé mon idée par écrit (1944). La bataille décisive avait eu lieu, mais les combats continuaient et on attendait encore l’armistice. Le temps compris entre le milieu et la fin est celui du Nouveau Testament et se prolonge dans celui qui est le nôtre : il s’agit d’un temps intermédiaire... Cette conception engendre celle de l’histoire du salut que j’ai développée par la suite. » (Oscar Cullmann, Les voix de l’unité chrétienne) 

8. L'Eglise n'entrera dans la gloire du Royaume qu'à travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection (cf. Ap 19,1-9). Le Royaume ne s'accomplira donc pas par un triomphe historique de l'Eglise (cf. Ap 13,8) selon un progrès ascendant mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal (cf. Ap 20,7-10) qui fera descendre du Ciel son Epouse (cf. Ap 21,2-4). Le triomphe de Dieu sur la révolte du mal prendra la forme du Jugement dernier (cf. Ap 20,12) après l'ultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe (cf. 2P 3,12-13). (Catéchisme de l’Eglise Catholique n°677)

9. « L'attente de la nouvelle terre, loin d'affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir. C'est pourquoi, s'il faut soigneusement distinguer le progrès terrestre de la croissance du règne du Christ, ce progrès a cependant beaucoup d'importance pour le royaume de Dieu, dans la mesure où il peut contribuer à une meilleure organisation de la société humaine. » (Concile Vatican II, Gaudium et Spes n°39)

10. « Si quelqu'un dit ou pense que le châtiment des démons et des impies est temporaire, et qu'il prendra fin après un certain temps, ou bien qu'il y aura restauration des démons et des impies, qu'il soit anathème. » (2ème Concile de Constantinople, 543, DS n°411)

11. Oui, la résurrection de la chair existe. Une justice existe. La « révocation » de la souffrance passée, la réparation qui rétablit le droit existent. C'est pourquoi la foi dans le Jugement final est avant tout et surtout espérance – l'espérance dont la nécessité a justement été rendue évidente dans les bouleversements des derniers siècles. Je suis convaincu que la question de la justice constitue l'argument essentiel, en tout cas l'argument le plus fort, en faveur de la foi dans la vie éternelle. Le besoin seulement individuel d'une satisfaction qui dans cette vie nous est refusée, de l'immortalité de l'amour que nous attendons, est certainement un motif important pour croire que l'homme est fait pour l'éternité, mais seulement en liaison avec le fait qu'il est impossible que l'injustice de l'histoire soit la parole ultime, la nécessité du retour du Christ et de la vie nouvelle devient totalement convaincante. (Benoît XVI, encyclique Spe Salvi, 2007, n°43) 

12. « Nous sommes toujours à la barre, dès que nous parlons de nous-même si nous ne savons plus devant qui nous plaidons. Mémoires, confessions, souvenirs, témoignent qu’à toute foi religieuse survit, dans la plupart des hommes cette "angoisse du compte à rendre". Tout auteur de mémoires, chacun à sa façon et fût-ce en s’accusant, prépare sa défense… Devant la postérité ? Peut-être mais inconsciemment ne cherche-t-il pas à fixer l’aspect qu’aura son âme aux yeux de Celui qui la lui donna et qui peut la lui redemander à chaque instant ? » (François Mauriac, Commencements d’une Vie, Pléiade 1990, p 66-67)

13. « Nous le savons en tournant notre regard vers le Christ crucifié et ressuscité. Justice et grâce doivent toutes les deux être vues dans leur juste relation intérieure. La grâce n'exclut pas la justice. Elle ne change pas le tort en droit. Ce n'est pas une éponge qui efface tout, de sorte que tout ce qui s'est fait sur la terre finisse par avoir toujours la même valeur. Par exemple, dans son roman « Les frères Karamazov », Dostoïevski a protesté avec raison contre une telle typologie du ciel et de la grâce. À la fin, au banquet éternel, les méchants ne siégeront pas indistinctement à table à côté des victimes, comme si rien ne s'était passé. (Benoît XVI, encyclique Spe Salvi,2007 n°44)

14. « De même donc qu'on enlève l'ivraie et qu'on la consume au feu, de même en sera-t-il à la fin du monde : le Fils de l'homme enverra ses anges, qui ramasseront de son Royaume tous les scandales et tous les fauteurs d'iniquité, et les jetteront dans la fournaise ardente : là seront les pleurs et les grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père. Entende, qui a des oreilles ! (Matthieu 13,40-43) "Le Royaume des Cieux est encore semblable à un filet qu'on jette en mer et qui ramène toutes sortes de choses. Quand il est plein, les pêcheurs le tirent sur le rivage, puis ils s'asseyent, recueillent dans des paniers ce qu'il y a de bon, et rejettent ce qui ne vaut rien. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges se présenteront et sépareront les méchants d'entre les justes pour les jeter dans la fournaise ardente : là seront les pleurs et les grincements de dents. "Avez-vous compris tout cela" - "Oui", lui disent-ils. (Matthieu 13,47-51)

15. « Dieu ne peut pas tout simplement ignorer l’ensemble de la désobéissance des hommes, tout le mal de l’histoire, il ne peut pas le traiter comme une chose insignifiante et de peu d’importance. Une telle sorte de « miséricorde » de « pardon inconditionnel » serait cette « grâce à bon marché » contre laquelle Dietrich Bonhoeffer s’est élève avec raison face à l’abîme du mal de son temps. L’injustice, le mal comme réalité, ne peut pas être simplement ignoré, ne peut être laissé là, il doit être éliminé, vaincu. C’est là seulement la vraie miséricorde. » (Benoît XVI, Jésus de Nazareth II, p157)

16. « L’eschatologique, en tant que l’‘au-delà’ de l’histoire arrache les êtres à la juridiction de l’histoire et de l’avenir – il les suscite dans leur pleine responsabilité et les y appelle. Soumettant au jugement de l’histoire dans son ensemble, extérieur aux guerres mêmes qui en marquent la fin, il restitue à chaque instant sa signification pleine dans cet instant même : toutes les causes sont mûres pour être entendues. Ce n’est pas le jugement dernier qui importe, mais le jugement de tous les instants dans le temps où l’on juge les vivants. » (Emmanuel Lévinas, Totalité et Infini,p. XI) 

17. Car Dieu ne fait pas acception des personnes. 12 En effet, quiconque aura péché sans la Loi, périra aussi sans la Loi ; et quiconque aura péché sous la Loi, par la Loi sera jugé ; 13 ce ne sont pas les auditeurs de la Loi qui sont justes devant Dieu, mais les observateurs de la Loi qui seront justifiés. 14 En effet, quand des païens privés de la Loi accomplissent naturellement les prescriptions de la Loi, ces hommes, sans posséder de Loi, se tiennent à eux-mêmes lieu de Loi ; 15 ils montrent la réalité de cette loi inscrite en leur cœur, à preuve le témoignage de leur conscience, ainsi que les jugements intérieurs de blâme ou d'éloge qu'ils portent les uns sur les autres... 16 au jour où Dieu jugera les pensées secrètes des hommes, selon mon Evangile, par le Christ Jésus. (Romains 2,11-16)

18. "C'est comme un homme qui, partant en voyage, appela ses serviteurs et leur remit sa fortune. 15 A l'un il donna cinq talents, deux à un autre, un seul à un troisième, à chacun selon ses capacités, et puis il partit. Aussitôt 16 celui qui avait reçu les cinq talents alla les faire produire et en gagna cinq autres. 17 De même celui qui en avait reçu deux en gagna deux autres. 18 Mais celui qui n'en avait reçu qu'un s'en alla faire un trou en terre et enfouit l'argent de son maître. 19 Après un long temps, le maître de ces serviteurs arrive et il règle ses comptes avec eux. 20 Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança et présenta cinq autres talents : Seigneur, dit-il, tu m'as remis cinq talents : voici cinq autres talents que j'ai gagnés. -- 21 C'est bien, serviteur bon et fidèle, lui dit son maître, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t'établirai ; entre dans la joie de ton seigneur. 22 Vint ensuite celui qui avait reçu deux talents : Seigneur, dit-il, tu m'as remis deux talents : voici deux autres talents que j'ai gagnés. -- 23 C'est bien, serviteur bon et fidèle, lui dit son maître, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t'établirai ; entre dans la joie de ton seigneur. 24 Vint enfin celui qui détenait un seul talent : Seigneur, dit-il, j'ai appris à te connaître pour un homme âpre au gain : tu moissonnes où tu n'as point semé, et tu ramasses où tu n'as rien répandu. 25 Aussi, pris de peur, je suis allé enfouir ton talent dans la terre : le voici, tu as ton bien. 26 Mais son maître lui répondit : Serviteur mauvais et paresseux ! Tu savais que je moissonne où je n'ai pas semé, et que je ramasse où je n'ai rien répandu ? 27 Eh bien ! Tu aurais dû placer mon argent chez les banquiers, et à mon retour j'aurais recouvré mon bien avec un intérêt. 28 Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui a les dix talents. 29 Car à tout homme qui a, l'on donnera et il aura du surplus ; mais à celui qui n'a pas, on enlèvera ce qu'il a. 30 Et ce propre-à-rien de serviteur, jetez-le dehors, dans les ténèbres : là seront les pleurs et les grincements de dents. (Matthieu 25,14-30) 

19. "Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire. 32 Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. 33 Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. 34 Alors le Roi dira à ceux de droite : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. 35 Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli, 36 nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. 37 Alors les justes lui répondront : Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, 38 étranger et de t'accueillir, nu et de te vêtir, 39 malade ou prisonnier et de venir te voir ? 40 Et le Roi leur fera cette réponse : En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. 41 Alors il dira encore à ceux de gauche : Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges. 42 Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger, j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire, 43 j'étais un étranger et vous ne m'avez pas accueilli, nu et vous ne m'avez pas vêtu, malade et prisonnier et vous ne m'avez pas visité. 44 Alors ceux-ci lui demanderont à leur tour : Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou prisonnier, et de ne te point secourir ? 45 Alors il leur répondra : En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait. 46 Et ils s'en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à une vie éternelle." (Matthieu 25,31-46) 

20. Le dogme de l’enfer ne s’appuie pas sur des révélations privées, pourtant nombreuses, qui témoignent de son existence et même quelquefois le décrivent. Il résulte de deux affirmations centrales du christianisme. D’une part la liberté humaine pleinement reconnue. D’autre part le don total que Dieu nous fait en Jésus-Christ. Sur le premier point on pourrait dire que l’enfer est un droit de l’homme. Si la liberté humaine est bien réelle, cela signifie qu’il a ce pouvoir exorbitant et terrifiant de faire échec au plan de salut de Dieu. Le pouvoir de dire non, et de persister dans le refus, est inclus dans le libre-arbitre. En créant des êtres libres, Dieu a pris ce risque. Mais il a estimé que le consentement des uns à sa grâce et le bonheur éternel qui s’ensuit l’emportait largement sur la possibilité pour les autres de se damner. La vie de l’homme est une affaire sérieuse. Il y a de l’irrévocable. Le chrétien vit avec la conscience de la gravité des actes libres qu’il pose ici-bas et qui ne sont pas sans rapport avec son sort éternel. Sur le second point, c’est le B A-Ba du christianisme d’affirmer que Dieu nous a tout donné en Jésus-Christ. Il n’y a pas de miséricorde que Dieu aurait gardé par-devers soi au cas où le don de son Fils ne serait pas suffisant. C’est son Fils unique. Il n’en pas de second. Aussi refuser le Christ, s’obstiner dans ce refus c’est se rendre incapable d’être sauvés. Il n’y a pas d’autre nom par lequel nous puissions être sauvés (Actes 4 ,12). Tant que Dieu ne nous avait pas tout donné, on pouvait toujours espérer un petit stratagème divin pour nous accorder finalement sa grâce. Mais maintenant que le grand et énorme stratagème définitif est mis en place, il n’y a pas de rédemption de surplus si la première s’avère insuffisante. (Guillaume de Menthière, Quelle espérance d’être sauvé, petit traité de la Rédemption, Salvator 2009, p.57-58)

21. "Ecoutez une autre parabole. Un homme était propriétaire, et il planta une vigne ; il l'entoura d'une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour ; puis il la loua à des vignerons et partit en voyage. 34 Quand approcha le moment des fruits, il envoya ses serviteurs aux vignerons pour en recevoir les fruits. 35 Mais les vignerons se saisirent de ses serviteurs, battirent l'un, tuèrent l'autre, en lapidèrent un troisième. 36 De nouveau il envoya d'autres serviteurs, plus nombreux que les premiers, et ils les traitèrent de même. 37 Finalement il leur envoya son fils, en se disant : Ils respecteront mon fils. 38 Mais les vignerons, en voyant le fils, se dirent par-devers eux : Celui-ci est l'héritier : venez ! Tuons-le, que nous ayons son héritage. 39 Et, le saisissant, ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. 40 Lors donc que viendra le maître de la vigne, que fera-t-il à ces vignerons-là ?" 41 Ils lui disent : "Il fera misérablement périr ces misérables, et il louera la vigne à d'autres vignerons, qui lui en livreront les fruits en leur temps." 42 Jésus leur dit : "N'avez-vous jamais lu dans les Ecritures : La pierre qu'avaient rejetée les bâtisseurs c'est elle qui est devenue pierre de faîte ; c'est là l'œuvre du Seigneur et elle est admirable à nos yeux ? 43 Aussi, je vous le dis : le Royaume de Dieu vous sera retiré pour être confié à un peuple qui lui fera produire ses fruits." 44 Les grands prêtres et les Pharisiens, en entendant ses paraboles, comprirent bien qu'il les visait. 45 Mais, tout en cherchant à l'arrêter, ils eurent peur des foules, car elles le tenaient pour un prophète. (Matthieu 21,33-45)

22. Le poète nous l’explique dans un vers que je ne me rappelle jamais sans un tressaillement d’admiration : "C’est l’éternelle justice qui m’a fait, et le premier amour" (Dante). Si ce n’était que la justice qui eût creuse l’abîme, il y aurait un remède, mais c’es l’amour aussi, c’est le premier amour qui l’a fait : voilà ce qui ôte toute espérance. Quand on est condamné par la justice on peut recourir à l’amour, mais quand on est condamné par l’amour à qui recourra-t-on ? Tel est le sort des damnés. L’amour qui a donné son sang pour eux, cet amour là même, c’est celui qui les maudit. Eh quoi ! Un Dieu sera venu ici-bas pour vous, il aura pris votre nature, parlé votre langue, touché votre main, guéri vos blessures, ressuscité vos morts : que dis-je ? Un Dieu se sera livré pour vous aux liens et aux injures de la trahison, il se sera laissé mettre à nu sur une place publique entre des prostituées et des voleurs, attacher à un poteau, déchirer de verges, couronner d’épines, il sera mort enfin pour vous sur une croix, et après cela, vous pensez qu’il vous sera permis de blasphémer et de rire, et d’aller sans crainte aux noces de toute vos voluptés ! Oh ! Non, détrompez-vous, l’amour n’est pas un jeu ; on n’est pas impunément aimé par un Dieu, on n’est pas impunément aimé jusqu’au gibet. Ce n’est pas la justice qui est sans miséricorde, c’est l’amour. L’amour nous l’avons trop éprouvé, c’est la vie ou la mort, et s’il s’agit de l’amour d’un Dieu, c’est l’éternelle vie ou l’éternelle mort. (Lacordaire, carême 1851)

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