AUX CATHOLIQUES D’ILLE-ET-VILAINE Les abus : vérité et compassion
Ce dimanche, nous prions pour les personnes victimes d’abus sexuels au sein de l’Église, en particulier quand elles étaient mineures. Leur épreuve est lourde et douloureuse. De tout cœur, je vous invite à continuer à les soutenir de votre prière et de votre amitié fraternelle.
Ce mardi 5 octobre prochain, M. Jean-Marc Sauvé, président de la CIASE, Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église, remettra publiquement aux Évêques de France et aux Supérieur(e)s des Congrégations religieuses le rapport que l’Église lui a commandé, il y a 3 ans.
Tous, nous souffrons du drame des faits de pédophilie dans l’Église. En sont particulièrement meurtris, les prêtres qui sont pasteurs fidèles auprès de vous et pour vous ; vous pouvez leur faire confiance.
Comme je l’ai dit aux Curés, ce drame nous provoque à entendre avec plus de profondeur et de sincérité l’appel à la sainteté et à la charité que notre Dieu nous adresse. Le pape François nous a rappelé que « la sainteté est le plus beau visage de l’Église » !
1. Le rapport de la CIASE
Je vous rappelle quelle est la genèse de ce rapport :
• Le 20 août 2018, le pape François a interpellé l’ensemble du Peuple de Dieu au sujet des abus sexuels sur mineurs commis dans l’Église (voir Lettre au Peuple de Dieu).
• Début novembre 2018, les Évêques de France ont décidé la création d’une commission indépendante concernant les abus sexuels sur mineurs commis en France par des prêtres. La Conférence des religieux et religieuses de France s’est immédiatement associée à cette démarche.
• Le 13 novembre 2018, M. Jean-Marc Sauvé, vice-président honoraire du Conseil d’État, a accepté de constituer et de présider cette Commission. La mission que les Évêques ont donnée à cette Commission se résume en trois points :
a. Recueillir les témoignages sur les faits de pédophilie au sein de l’Église, depuis 1950.
b. Comprendre pourquoi et comment ces drames ont pu avoir lieu et de quelle manière ils ont été traités.
c. Examiner l’action actuelle de l’Église pour lutter contre la pédophilie, et lui faire des recommandations.
2. Les onze décisions des Évêques
Pour leur part, les Évêques, en 2016, se sont mis ensemble à l’écoute des personnes victimes. Instruits par leurs témoignages, ils ont travaillé pour que des mesures soient prises afin que l’Église soit de plus en plus une « maison sûre ». En mars dernier, ils ont pris 11 décisions qu’ils ont présentées dans une Lettre aux catholiques de France du 26 mars 2021 (voir le site du diocèse de Rennes). Nous sommes actuellement engagés dans la mise en œuvre de ces 11 mesures.
La publication du rapport de la CIASE est une épreuve de vérité. C’est un moment grave et nécessaire. Il était important que les personnes victimes parlent. Je les remercie de leur courage. Il fallait qu’une Commission indépendante analyse ces faits dramatiques et émette des préconisations. Je remercie les membres de cette Commission pour leur travail. Tous aident notre Église à faire la vérité. Nous voulons tellement qu’elle devienne toujours plus transparente à l’Évangile qu’elle annonce !
Les Évêques de France vont étudier les préconisations de ce rapport. Au mois de novembre prochain, ils verront ensemble comment, si besoin, adapter leurs 11 mesures. Vous serez tenus informés car, comme l’a écrit le pape François dans sa Lettre au Peuple de Dieu, la lutte contre la pédophilie nous concerne tous.
3. Avec vérité, confiance et compassion
Certes, il n’est pas facile de regarder en face la vérité de ces faits. Elle nous oblige à nous tourner avec confiance vers le Seigneur de justice et de miséricorde afin qu’il nous donne force, paix et espérance. Mais avant tout, nos pensées, notre soutien et nos prières vont vers toutes les personnes innocentes qui ont été abusées au sein de notre Église, et aussi dans la société. C’est dans une attitude de vérité et de compassion que je vous invite à recevoir le contenu de ce rapport.
4. Un jour de jeûne et de prière
Puisque nous avons accès à la vérité telle que le rapport de M. Jean-Marc Sauvé nous la communique, je vous propose à nouveau, comme je l’avais fait en septembre 2018, de vivre une journée de jeûne et de prière au cours d’un vendredi ou d’un samedi de ce mois d’octobre. Cela nous préparera à la fête de la Toussaint, le 1er novembre.
Par le jeûne et la prière, tournons-nous vers Jésus, l’Innocent crucifié qui a pris sur lui le péché du monde. Prions l’Esprit Saint afin qu’il nous fasse grandir dans la charité évangélique, et nous éclaire dans notre mission de veiller au bien des plus petits et des plus fragiles.
* * *
Aujourd’hui, je pense à sainte Thérèse de Lisieux qui affirma : « Je ne pourrais oublier de prier pour tous, sans laisser de côté les simples prêtres dont la mission parfois est aussi difficile à remplir que celle des apôtres prêchant les infidèles. » Avec elle, prions pour les prêtres. Que l’Esprit de Dieu nous conduise tous sur le chemin d’une vie nouvelle. Je vous assure de ma prière.
Rennes, le 1er octobre 2021, En la fête de sainte Thérèse de Lisieux + Pierre d’Ornellas, Archevêque de Rennes
" Marie a su se tenir au pied de la croix de son fils. Lorsque nous faisons l’expérience de la désolation que nous causent ces plaies ecclésiales, avec Marie il nous est bon "de donner plus de temps à la prière", cherchant à grandir davantage dans l’amour et la fidélité à l’Église." (Pape François, Lettre du 20 août 2018)