Parole de l’Évêque – « 4 février : Tous frères ! »
La fraternité est un enjeu essentiel ! Se considérer comme des frères et sœurs est un défi à relever. Ou plutôt un appel auquel nous devons répondre. Pour cela, sachons d’abord l’entendre. Y répondre ensuite, c’est accepter la conversion. Percevons-nous au fond du cœur que l’autre est en vérité un frère, une sœur ? À quelles conversions cela nous appelle-t-il ?
Il s’agit, avec la grâce de Dieu, de convertir son regard sur l’autre afin de passer de considérations sur ses qualités, ses défauts ou ses différences, à de l’estime en raison de sa dignité humaine, de ses capacités d’être plutôt que ses aptitudes à faire. Il s’agit de voir les différences comme des sources d’enrichissement intérieur. Cela suppose une haute idée de l’être humain, une perception intuitive qui pousse tout à la fois à s’émerveiller devant sa beauté et à souffrir quand il est blessé, abîmé.
Apprenons à poser notre regard sur sa vérité intérieure et découvrons sa transcendance. Chaque être humain est unique ! Chacun vit pour aimer et être aimé ; sa capacité d’aimer est bouleversante ! Chacun existe avec sa liberté, si bien qu’il est capable d’accomplir le bien par lui-même, sans que personne ne l’y contraigne ; la liberté se montre ingénieuse à faire le bien ; sa capacité créative est étonnante ! Chacun interroge le sens de la vie et l’exprime en produisant une œuvre d’art ou en se reconnaissant dans celle d’un artiste ; quelle profusion dans ses expressions culturelles ! Chacun cherche la vérité et ne se satisfait pas de demi-mesures ; admirables ces quêtes de vérité en des cœurs ouverts sur l’infini ! Chacun souffre devant la douleur d’autrui et se sent appelé à la solidarité ; magnifiques ces initiatives nées de la compassion grâce à laquelle on prend soin les uns des autres en s’acceptant tous fragiles !
Que dire encore ? L’être humain est spirituel de condition corporelle. Son corps a une grande signification ! Sa valeur ne vient pas de sa matérialité charnelle mais de son langage. N’est-ce pas avec sa main que la maman exprime la tendresse de son cœur pour son enfant ? N’est-ce pas par les yeux que la personne manifeste son amour à autrui ? N’est-ce pas par les lèvres et la bouche que les croyants expriment leur louange envers Dieu ? N’est-ce pas avec son corps et ses genoux que le priant exprime son adoration devant le Très Haut Seigneur ? Etc.
Saisis par la beauté de l’être humain, nous voulons nous comporter comme des frères et sœurs les uns avec les autres. Plus que cela, ayant conscience que chaque être humain partage la même humanité, nous éprouvons l’obligation de vivre fraternellement. De façon plus haute, Dieu est le Père de tous, reconnaissent les croyants ; aussi est-ce un appel à la fraternité qu’ils entendent au fond de leur conscience. Oui, la fraternité est le lien le plus évident et le plus profond qui relie les êtres humains, fils et filles de l’unique Dieu Père, créés à son image et à sa ressemblance.
En méditant sur tout cela, le pape François et le grand iman Ahmad al-Tayeb ont signé à Abou Dhabi le 4 février 2019 le « Document sur la fraternité humaine ». Un an plus tard a été créé le Haut Comité de la fraternité. Indépendant, il a pour mission de mettre en œuvre ce Document. Et voilà que son travail a abouti à une décision de l’ONU, le 15 décembre 2020 : le 4 février est désormais la « Journée internationale de la fraternité humaine ». La première fois en 2021.
Dès lors, ce 4 février, quelle conversion pour que grandisse la fraternité ? Et si chaque chrétien demandait à l’Esprit Saint d’ouvrir son cœur afin d’entendre et de vivre la parole de Jésus : « Vous êtes tous frères ! »