La fête de Purim

 


Le 25 février commenceront à Jérusalem les festivités de la fête des Pourim. Pour Terre Sainte Magazine le rabbin jérusalémite Alain Michel revient sur la signification de la fête en Israël.

Terre Sainte Magazine : Que signifie le mot « Pourim » ?

Rabbin Alain Michel : C’est un mot d’origine perse ou babylonienne qui est inscrit dans le rouleau de la reine Esther. En hébreux, « Pour » veut dire le « sort ». Sous le règne du roi perse Assuérus, le personnage d’Haman fait un tirage au sort pour savoir quand peut avoir lieu le grand massacre du peuple juif. La date du décret est fixée au 13 adar, soit le mois de février ou de mars dans le calendrier grégorien. Il en est finalement empêché, et le peuple juif est miraculeusement sauvé. Après cette victoire contre les antisémites, les juifs décident de faire de cet épisode historique une célébration. La fête a été instaurée dans la période du Second temple, aux alentours de l’an 300. Depuis ce moment-là, Pourim est célébré partout par le peuple juif, aussi bien chez la diaspora qu’en Israël.

Quelle est la spécificité de Pourim à Jérusalem ?

Nous parlons de « Pourim » au pluriel , les sorts, parce qu’à l’origine les Juifs instaurent une première fête qui se déroule le 14 adar à l’extérieur de la ville fortifiée de Suse, et une seconde qui se déroule le lendemain, 15 adar, à l’intérieur de la ville fortifiée. C’est en effet à Suse que les combats avaient été les plus difficiles pour les juifs, et ont duré un jour de plus qu’ailleurs dans la région. Mais l’on ne peut pas faire de célébration le 15 adar à Suse, sans rien faire à Jérusalem, qui est aussi une ville fortifiée et un lieu central dans le judaïsme.  Il a donc été instauré très tôt dans la tradition que Pourim se ferait un jour plus tard à Jérusalem, soit le 15 adar. Je crois que c’est le moment  où il y a le plus de Juifs à Jérusalem, en dehors de la fête de Yiom Kipour. C’est un moment très important pour nous.

Comment s’organise la fête d’un point de vue religieux ?


On se prépare à la fête de Pourim une semaine en avance, lors du shabbat du samedi précédent, en lisant quelques versets du Deutéronome. Le texte y parle d’Amalek, qui symbolise la haine gratuite contre le peuple d’israël. Son histoire est d’abord racontée dans le livre de l’Exode puis dans le Pentateuque, qui commence par : « Souviens-toi de ce que t’a fait Amalek sur la route… ». Cette idée du souvenir est quelque chose d’essentiel dans le peuple d’Israel. Nous voyons avec ce récit qu’il y a de l‘antisémitisme à travers tous les âge, Pourim étant une continuation de ce qu’Amalek a voulu faire dans le désert : détruire le peuple d’Israël au moment où il sortait d’Egypte.Le jour de la fête de Pourim, nous avons, à la synagogue, deux lectures du rouleau d’Esther. L’une est juste après la prière du soir, et l’autre le matin, avec un certain nombre de rajouts spéciaux pour l’occasion.

« En Israël, Pourim est que plus qu’un événement religieux. Nous le vivons ici un peu comme le carnaval ou mardi gras. Cette fête a vraiment été intégré dans le calendrier national israélien, ce qui n’est le cas nul part ailleurs. »

Les juifs vivent-ils Pourim comme une fête aussi bien culturelle que religieuse ?

Je pense qu’il y a eu un renouvellement de l’aspect culturel de Pourim depuis le retour des juifs en Terre d’Israël, notamment après l’indépendance de 1948. En dehors d’Israël, en France par exemple, Pourim est très joyeux, on se déguise, on partage un festin, mais la fête est religieuse, elle se passe à l’intérieur de la synagogue ou du centre communautaire. La caractéristique de Pourim en Israël est que plus qu’un événement religieux, nous le vivons ici un peu comme le carnaval ou mardi gras. Tout le monde y participe, les élèves du pays ont le droit à trois jours de vacances… Pourim a vraiment été intégré dans le calendrier national israélien, ce qui n’est le cas nul part ailleurs.

Pourquoi vous déguisez-vous à cette occasion ?

C’est une tradition ancienne, qui découle directement du texte du rouleau d’Esther. Ce qui s’est passé est qu’un événement qui devait être absolument tragique s’est renversé, et s’est très bien terminé pour les juifs mais très mal pour les antisémites. Nous nous déguisons pour célébrer ce renversement du sort, de l’histoire. La portée symbolique du costume est de dire que nous pouvons être différents de d’habitude et changer de style de vie pendant 24 heures, pour commémorer ce moment où l’histoire a été autre que ce qu’elle aurait dû être.






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