Mgr d’Ornellas ordonnera 3 prêtres le dimanche 25 juin

 Publié le 30 mai 2023, https://rennes.catholique.fr/

Mgr Pierre d’Ornellas ordonnera trois nouveaux prêtres le dimanche 25 juin 2023 à 15h à la cathédrale de Rennes. Dans cet entretien, Hubert, Loïc et Pierre, les trois candidats à l’ordination sacerdotale, se présentent longuement à nous.

Comment vous préparez-vous à votre ordination le 25 juin ?

Hubert Rime : Je me prépare dans la prière… en étant complètement dépassé. Ça paraît tellement gigantesque ! Déjà la première étape, le diaconat, ça paraissait énorme.  Je ne suis pas inquiet parce que c’est exactement la même chose pour le diaconat. Le fait de prêcher, le fait de baptiser, le fait de d’avoir une pastorale quotidiennement… ça s’est fait assez naturellement. On est assez bien formé sur l’ensemble des années.

Pierre Le Thieis : J’ai vraiment vécu cette année de diaconat dans la paix, dans la confiance. J’attendais en fait le fait d’être diacre comme un cadeau de Dieu. Du coup, c’est compliqué de me projeter comme prêtre, même si je m’imagine quand même un petit peu. Je prépare ça dans la prière, dans la confiance, dans l’abandon aussi. Et je ne me pose pas forcément plus de questions que ça.

Loïc Brodin : Ma manière de me préparer, c’est vraiment de cultiver la confiance et le lâcher prise. Pour l’ordination diaconale, il y avait beaucoup de choses à organiser. J’avais un peu surinvesti l’événement et du coup, j’ai eu du mal à le vivre justement comme quelque chose que je recevais. Je sens étonnamment un désir et une impatience beaucoup plus grands que pour l’ordination diaconale. J’ai l’impression que je vais recevoir ce que j’attends depuis toujours.

Quand avez-vous perçu l’appel du Seigneur à devenir prêtre ?

 

Pierre Le Thieis, diacre en dernière année au séminaire de Vénasque
Pierre Le Thieis, diacre en dernière année au séminaire de Vénasque

Pierre Le Thieis

J’étais servant d’autel depuis le CE1. C’est en quatrième et je me suis vraiment posé la question : « Mais si tu veux devenir prêtre, il faut au moins être sûr d’une chose, c’est que Dieu existe. » J’ai vraiment demandé à Dieu un signe, de me montrer son amour. Je traînais des pieds pour aller à la messe. Mais à chaque fois que je ressortais, j’avais une joie profonde en moi. Au bout d’un moment, j’ai compris que cette joie me venait de la messe. À partir de ce moment-là, je suis passé de la foi de mes parents à ma propre foi.

En classe de troisième. J’ai eu la chance de faire un pèlerinage à Rome avec les servants d’autel. À la messe à Saint-Pierre de Rome, qui était présidée par un cardinal, je me suis endormi. Je me suis réveillé à l’homélie et le cardinal nous disait : « Si vous sentez en vous l’appel du Christ à devenir prêtre, n’hésitez pas ! »

Afin de concrétiser vraiment ce premier appel, après le bac, je suis rentré en propédeutique à Saint-Pern. C’est l’année de fondation spirituelle et de vie fraternelle. Puis je suis allé deux ans au séminaire de Rennes. Et j’ai pris la décision, avec mon supérieur, de partir un an à Tijuana, au nord-ouest du Mexique, avec les Salésiens de Don Bosco. J’étais prof de français et je m’occupais des servants d’autel.

Je suis revenu un an au séminaire de Rennes, puis Mgr d’Ornellas m’a envoyé au Studium de Notre-Dame-de-Vie à Venasque, où j’ai pu poursuivre ma formation. C’était une vraie grâce, cela m’a permis d’approfondir la spiritualité carmélitaine, de pouvoir me réancrer sur une spiritualité qui me rejoignait. Et j’ai décidé de poursuivre les études. Je suis en première année de licence.

Loïc Brodin, diacre en dernière année au séminaire St-Yves de Rennes
Loïc Brodin, diacre en dernière année au séminaire St-Yves de Rennes

Loïc Brodin

J’ai grandi dans une famille chrétienne, mais la question de la vocation et du prêtre était complètement inexistante. A 18 ans, j’ai commencé mes études de musique au conservatoire et j’avais l’idée de consacrer ma vie à la musique.

À l’occasion d’un forum des jeunes à Paray-le-Monial, j’ai fait une expérience très forte de l’amour de Dieu pour moi au cours d’une veillée de prière et à ce moment-là, je me souviens avoir dit dans mon cœur : « Seigneur, puisque tu m’aimes tant, fais de moi ce qui te plaira. »

Lors d’un séjour Erasmus en Autriche, je me suis retrouvé dans la paroisse d’un prêtre de l’Emmanuel à Gratz, qui était un prêtre artiste. Je rencontrais pour la première fois un prêtre avec qui je pouvais m’identifier. En sortant de la messe, il y a un type qui vient me voir et qui me dit droit dans les yeux en français : « Toi, tu vas devenir prêtre. » Je lui réponds du tac au tac, pour esquiver la question : « Si Dieu le veut. » et il me répond : « Non pas si Dieu le veut, mais si tu le veux. » Ça m’a réorienté toute ma quête intérieure : « Qu’est-ce que je veux vraiment ? »

Je suis allé une année à l’Institut philanthropiques en Suisse, un institut de formation en anthropologie chrétienne. Puis j’ai commencé un travail de prof de piano à Lille tout en débutant un doctorat. J’ai rencontré un frère consacré de la communauté de l’Emmanuel et cette vocation de laïc entièrement consacré à la mission m’a tout de suite parlé. Quelques mois après, mon accompagnateur communautaire m’a posé la question : « Est-ce que tu t’es déjà posé la question sérieusement de devenir prêtre ? » Je réalise alors que la question n’est pas du tout résolue. Se réveille en moi une joie assez mystérieuse, comme quelque chose qui sommeillait en moi depuis dix ans.

J’avais déjà 28 ans et à la fin de l’année, pendant une ordination presbytérale, j’ai eu une effusion de l’Esprit-Saint, une révélation profonde. J’ai été habité par la présence de Dieu qui me disait en gros : « Si tu veux, tu peux devenir prêtre, ce sera pour toi un chemin de fécondité et de bonheur. Et si tu veux, c’est maintenant. » J’avais toujours eu le désir de vivre une forme d’aventure, quelque chose d’assez radical, Et là, il m’offrait ce cadeau. Après réflexion, j’ai décidé de tout quitter pour suivre le Christ.

Je suis entré en propédeutique, juste avant les JMJ, et deux jours après, c’était l’assassinat du père Hamel. Ça m’a marqué : il y a un prêtre qui donne sa vie, et puis un jeune qui s’apprête à donner sa vie pour devenir prêtre ! Tout mon cheminement de dix ans, ça a été de découvrir à quel point le Seigneur me voulait libre et à quel point ce qu’il voulait, c’était simplement me donner le temps de mûrir et de vivre ce que j’avais à vivre.

Hubert Rime, diacre en dernière année au Séminaire St-Yves de Rennes
Hubert Rime, diacre en dernière année au Séminaire St-Yves de Rennes

Hubert Rime

À partir de 17 ans à peu près, j’ai arrêté de pratiquer, jusqu’à mes 21 ans. Une amie m’a invité à un rassemblement de jeunes à Paray-le-Monial. Je croyais en Dieu, mais comme je ne pratiquais plus depuis des années. Lors d’une veillée de prière autour de la Croix, où je n’avais vraiment pas envie d’aller, je me suis mis à genoux par mimétisme. Tout d’un coup, ça a été la douche froide. Je me suis rendu compte que Jésus était mort sur la croix pour moi, Hubert. Que Jésus était mort sur la croix et me pardonnait mes péchés à moi, Hubert… tous les péchés de ma vie d’étudiant à Angers, une vie assez mouvementée. Je ne savais plus trop quoi penser parce que c’était énorme. Alors est revenu cet appel de Dieu à devenir prêtre, comme une certitude d’être appelé, comme un désir. J’ai dis « ok », mais « peut-être ». Parce que j’avais vraiment un profond désir de me marier et avoir des enfants.

Le lendemain, je vois tous ces jeunes chrétiens, leur joie et leur paix et je me dis : en fait, dans ma vie, j’ai un vrai vide intérieur, même si j’ai plein d’amis. Je décide alors de reprendre la pratique en relation avec cette découverte de l’amour de Dieu pour moi. Et assez rapidement, la question de la vocation résonne comme un désir et pas comme une envie.

Et là, je me rappelle que lorsque j’avais six, sept ans, servant d’autel, j’avais été très marqué par la figure d’un prêtre et je voulais, non pas être pompier, mais être prêtre. Très vite, ça c’était dissipé. Je me rappelle aussi qu’à mes seize ans, j’étais à Paray-le-Monial, déjà, et j’avais ressenti à la fin de la session un appel très fort à devenir prêtre et ça m’avait tellement énervé que j’avais repris mon train pour le retour en me disant : « C’est mort, je veux me marier et avoir des enfants. » Et j’avais complètement oublié cet épisode. Je me suis rendu compte que je m’étais éloigné de la pratique et de Dieu du fait de ça… je ne voulais absolument pas !

Je me suis dit qu’il fallait je prenne un an pour Dieu. J’ai effectué une école d’évangélisation à Paray-le-Monial avec l’Emmanuel. Pendant cette année-là, j’ai discerné. J’avais vraiment ce conflit entre la certitude d’être appelé, qui passe par un réel désir, et l’envie de me marier et d’avoir des enfants. Pendant cette année, j’ai découvert que Dieu est bon. Donc si Dieu est bon, si je lui dis non à l’appel qu’il m’adressait d’être prêtre… il serait quand même avec moi. Je pourrais quand même vivre une vie heureuse de chrétien, dans la sainteté, etc. À partir du moment où j’ai compris ça, j’ai dit OK, je veux bien rentrer au séminaire. Je suis entré un an après au séminaire après avoir fini mes études en économie.

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