Méditation des Jours Saints par le Cardinal Jean-Marie Lustiger - Samedi Saint



D’ailleurs, ce moment le plus obscur nous introduit au Samedi saint.


Du Vendredi Saint à Pâques s’installe ce jour “vide”, à ne pas escamoter. Entre la Passion et la Résurrection, la liturgie maintient vide de tout acte liturgique ce temps où, selon le Symbole des Apôtres, le Christ descend aux “Enfers”, le séjour des morts, et récapitule l’Histoire.

Spirituellement, c’est le moment où l’Église elle-même vit, après la mort de son Seigneur, sa propre passion. Au « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » prononcé par Jésus sur la croix, correspond, pour la vie de l’Église, ce Samedi Saint où la Croix, dévoilée, est nue, où aucune Eucharistie ne peut être célébrée. L’Eglise, en deuil, prie son Seigneur absent, avant que n’éclate dans la nuit du Samedi Saint la splendeur de la Résurrection dans le sacrement baptismal. Lier le Vendredi Saint à Pâques en supprimant ce temps intermédiaire, ce temps du silence et de l’absence du Samedi Saint, cette distance et ce vide comme disent les mystiques, c’est mal comprendre le mystère de la Passion et de la Résurrection. On mesure mieux le sérieux, la gravité, mais aussi la grandeur du salut quand on saisit comment le silence et l’absence, dans le mystère de la Rédemption, sont constitutifs du salut. Voilà pourquoi ce Samedi Saint est un jour a-liturgique.


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