Marie et la grâce de l'Esprit Saint
Dans Marie, mère du Seigneur, Karl Rahner, s.j., présente la Vierge Marie et la grâce reçue et donne quelques indications sur notre manière d’être chrétien dans cette formule : « Marie est la réalisation concrète du parfait chrétien ». Pour en comprendre la signification, considérons les dogmes de la Vierge Marie et tirons-en des conséquences pour notre propre vie spirituelle.
L’Immaculée Conception
L’Immaculée Conception indique que Marie a été enveloppée dès le début de son existence de l’amour de Dieu, que la vie de la grâce divine lui a été donnée gratuitement par Dieu… dans le dessein qu’Il avait de lui faire porter son propre Fils. Marie, comblée-de-grâce, n’a pas connu le péché originel en raison même de cette œuvre sanctifiante et aimante de Dieu à son origine.
En ce qui regarde le chrétien, nous affirmons que le commencement de notre être spirituel est donné par Dieu. Et cela, au moment du baptême où nous sommes rachetés du péché originel et où nous est communiquée la grâce de Dieu, l’Esprit Saint.
Le trait principal de cette grâce sanctifiante tient dans la liberté de l’homme qui s’en trouve comme accrue par cette présence de l’Esprit. Le P. Rahner écrit : « Dieu ne m’ôte pas, il me donne mon moi… Il ne crée point des images inertes, mais des hommes qui, à partir de ce commencement établi par lui seul, peuvent se créer eux-mêmes. »
La maternité divine de Marie
La maternité divine de la Vierge Marie a été possible grâce au oui que Marie a dit de tout son être à la proposition que lui a faite l’Ange de porter en son sein le Fils éternel de Dieu, et cela par l’action du Saint-Esprit. Marie a cru en la parole de l’Ange ; sa foi lui permet de devenir Mère de Dieu. Elle s’est mise totalement à la disposition du projet de Dieu : « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu l’as dit. » (Lc 1, 38).
L’auteur dit ceci : « La maternité divine est donc, tout à la fois, pure grâce de Dieu et acte de la Vierge ; elle n’est pas simple maternité physique, mais elle constitue pour Marie une grâce et un acte qui mettent tout son être, corps et âme, au service de Dieu et de sa miséricorde rédemptrice pour les hommes. » Comme Marie, nous sommes invités à croire, c’est-à-dire à accueillir en nous le mystère du salut tel que Dieu l’a voulu, par l’Incarnation du Verbe.
Marie est restée Vierge dans la conception comme dans l’enfantement. Jésus a été conçu sans le concours d’un homme. Toute la vie de Marie a été ouverture à la grâce de Dieu pour réaliser l’unique mission qu’elle aura déployée : être la Mère du Seigneur. La virginité : « Voilà pourquoi, toujours et partout, Marie est restée vierge, la source en étant toujours et partout sa maternité divine en tant qu’accueil docile de la grâce ».
Le chrétien, invité à imiter le modèle de Marie, se posera la question de sa disponibilité à la grâce de Dieu dans son être et dans son existence.
L’Assomption
« Marie, avec toute la réalité de son existence, avec son corps et son âme, est entrée dans cette consommation, fruit unique que tout chrétien espère de la grâce de Dieu pour sa propre vie humaine. » C’est la réponse définitive et dernière de Dieu à Marie qui a cheminé dans l’obscurité de la foi, s’en remettant à Dieu. Le chrétien sait que le Ciel est sa destinée et qu’il peut compter sur la prière de la Vierge Marie qui l’accompagne sur son chemin et au moment du passage : « Sainte Marie, mère de Dieu, prie pour nous pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort ».
Frère Norbert-Marie SONNIER, dominicain