Dieu entre dans notre histoire

En cette fête de l'adoration des mages, il nous faut aussi méditer le massacre des enfants de Bethléem ordonné par Hérode ; le récit en est omis par la lecture que nous avons entendue. Car le mystère chrétien n'annonce pas aux hommes un bonheur rêvé et donc illusoire.
Il révèle Dieu qui entre dans notre histoire. Il prend à pleines mains les malheurs des hommes, les drames de l'humanité : non seulement ceux causés par les grands cataclysmes dont nous ne sommes pas maîtres, (encore que dans le cas présent on puisse se demander s'il n'y a pas eu des erreurs ou des fautes qui ont accru l'énormité du désastre), mais aussi ce malheur permanent auquel les hommes sont affrontés, le malheur causé par notre péché. Dieu fait sien le  destin de l'homme, notre destin (...)

Les mages viennent pour reconnaître et adorer l'Enfant -Roi d'Israël. Leur venue manifeste l'universalité du salut, mais aussi la solidarité universelle des hommes dans les tragédies de notre destin.
Cette solidarité n'est pas créée par notre civilisation de communication. Cette solidarité s'origine dans la profondeur de la  condition humaine. Chaque homme est appelé à ouvrir son cœur à la dimension de tout homme.
Ainsi chacun pressent que sa propre vie est portée par cet immense corps de l'humanité qui est « récapitulée dans le Christ comme le dit saint Paul (Ep l, 10).
Dès lors, nous le voyons, chacun est de quelque façon responsable des autres, de tous ceux dont il doit s'approcher pour en devenir le prochain. Loin de nous écraser, cet amour, au contraire, nous donne la force de partager l'espérance.

Homélie du Cardinal Jean Marie Lustiger, le 02 janvier 2005, à Notre Dame de Paris, pour la solennité de l’Epiphanie du Seigneur et en mémoire aux victimes du tsunami

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