PAROLE de l'Archevêque : Appelés à la sainteté ?

Ce mois d’octobre nous conduit à la fête de la Toussaint, célébrée le 1er novembre. Il nous conduit donc à ouvrir les yeux sur un horizon large, celui de la sainteté d’une multitude d’hommes et de femmes, connus de Dieu seul.

Mieux, ce mois d’octobre oriente les yeux de notre foi vers la joie de Jésus Ressuscité devant ses disciples qui ont accompli sa Parole : « Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5, 48).
Ce verset de l’Évangile de saint Matthieu est cité par la constitution sur l’Église du concile Vatican II, au chapitre 5 qui s’intitule : « La vocation universelle à la sainteté. » Le Concile nous enseigne donc que nous sommes tous faits pour la sainteté, pour cheminer vers cet horizon. Non pas seul, mais avec Jésus et sa grâce, avec le don de l’Esprit Saint, avec la communauté de l’Église qui nous donne généreusement la Parole de Dieu et les sacrements.
Le Concile précise que la sainteté réside dans « la perfection de la charité » . Il ajoute que c’est en vivant de la charité que l’on parvient à cette « perfection ». Celle-ci ne réside pas dans des grandes actions mais dans la qualité de l’amour.

Écoutez le pape François dans l’interview qu’il a donné pour les revues jésuites : « L’image de l’Église qui me plaît est celle du Peuple de Dieu, saint et fidèle. » Il ajoute : « Je vois la sainteté du Peuple de Dieu dans sa patience : une femme qui fait grandir ses enfants, un homme qui travaille pour apporter le pain à la maison, les malades, les vieux prêtres qui ont tant de blessures mais qui ont le sourire parce qu’ils ont servi le Seigneur, les sœurs qui travaillent tellement et qui vivent une sainteté cachée.
Cela est pour moi la sainteté commune. J’associe souvent la sainteté à la patience : pas seulement la patience comme hypomonè (supporter le poids des événements et des circonstances de la vie), mais aussi comme constance dans le fait d’aller de l’avant, jour après jour. C’est cela la sainteté de l’Iglesia militante (Église militante) dont parle aussi saint Ignace. Cela a été celle de mes parents : de mon père, de ma mère, de ma grand-mère Rosa qui a beaucoup compté pour moi.
Dans mon bréviaire j’ai son testament et je le lis souvent : pour moi c’est comme une prière. C’est une sainte qui a tant souffert, moralement aussi, et elle est toujours allée de l’avant avec courage. Cette Église avec laquelle nous devons sentir, c’est la maison de tous, pas une petite chapelle qui peut contenir seulement un petit groupe de personnes choisies. Nous ne devons pas réduire le sein de l’Église universelle à un nid protecteur de notre médiocrité. Et l’Église est Mère. L’Église est féconde. Elle doit l’être ! »
Et si pendant ce mois d’octobre, nous méditions les uns et les autres, ou ensemble, en famille ou en équipe de vie, en communauté ou en groupe de chrétiens, entre prêtres, sur notre appartenance à ce « Peuple de Dieu », habité par la sainteté de Dieu lui- même, de Jésus, le « Seul Saint » (Gloria) et l’Esprit Saint ? Peut-être aussi pouvons-nous méditer sur nos actes réels d’amour qui accueillent, pardonnent, vont visiter, sont un vrai don de soi, sont toujours un regard bienveillant, viennent consoler, sont remplis de « patience », etc. Ces actes d’amour qui sont aussi des instants de prière qui louent Dieu, qui le supplient dans la foi et dans l’espérance.
Ces actes d’amour tissent au quotidien, la sainteté du Peuple de Dieu. À la Toussaint, rendez grâce pour la multitude qui nous aide à cheminer fraternellement pour aimer.

+ Monseigneur Pierre d'Ornellas, archevêque de Rennes, évêque de Dol et St Malo

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