Le sapin de l’Avent, cet arbre du péché revêtu de lumière


Le père Gaëtan de Bodard, aumônier des sapeurs-pompiers de Paris, commente l’évangile du 2e dimanche de l’Avent à travers le sens chrétien du sapin de Noël. Dressé vers le Ciel, le sapin est le symbole de l’arbre de la Genèse revêtu de la lumière du Christ sauveur.
                           

Frères et sœurs bien aimés, pouvons-nous parler ce dimanche du sapin de Noël qu’en principe vous avez commencé à installer dans vos maisons, à l’occasion de notre entrée en Avent ? Peut-être êtes-vous en train de protester intérieurement : « Quoi, le sapin ! Il est gonflé ! Qu’il parle plutôt de la crèche : ça c’est du catho pur jus, 100% garanti ! Mais pas le sapin ! Ou alors la Parole de Dieu ! Il ferait mieux d’en parler et de s’appuyer sur les textes de ce dimanche ! » Eh bien, justement, c’est parce que je me fonde sur les lectures du jour (Ba 5, 1-9 ; Ps 125 ; Ph 1, 4-6.8-11 ; Lc 3, 1-6) que je voudrais évoquer avec vous cet aspect « folklorique » de l’Avent et de la préparation à la fête de la Nativité qu’est le sapin, et de voir en quoi celui-ci peut nous aider à tourner davantage nos âmes vers Dieu.

Le Christ en gloire

Le sapin est entré, ou va entrer dans ces prochains jours, dans un grand nombre de nos maisons. Catholiques ou pas, croyants ou pas, beaucoup de nos concitoyens ont conservé la tradition de l’arbre de Noël et le décorent avec soin : les guirlandes brillantes, scintillantes, clignotantes, les boules multicolores et une belle étoile dorée au sommet de la ramure. J’espère seulement, mes frères, que ce n’est pas seulement du tape-à-œil, du clinquant, voire un cache-misère pour dissimuler, le temps des fêtes, notre inquiétude, nos soucis. Un petit coup de booster au moral… pour replonger plus bas quand le sapin ira rejoindre la poubelle en janvier et ces décorations un carton planqué en haut d’un placard jusqu’en décembre prochain ! 

Nous, catholiques, à travers cet arbre symbolique revêtu d’une parure chatoyante, nous pouvons voir le Christ en gloire…

Nous, catholiques, à travers cet arbre symbolique revêtu d’une parure chatoyante, nous pouvons voir le Christ en gloire : le sapin est un arbre tout simple mais qui peut se révéler si grand en développant si haut sa frondaison vers le Ciel. Comment ne pas voir à travers lui ce tout petit bébé de la crèche, né comme un pauvre, adoré par des pauvres, qui est pourtant Celui que nous avons fêté il y a peu comme le Christ-Roi de l’univers ? À la fois tout petit et si grand !

L’arbre de la Genèse 

Et puis, certains voient en cet arbre une représentation de l’arbre de la Genèse : les boules rouges symbolisent le fruit interdit, la guirlande le serpent tentateur mais l’étoile à son sommet — l’étoile du berger — nous rappelle que Dieu est venu en ce monde pour racheter tous les hommes. C’est ce que nous fêterons lors de la fête de l’Épiphanie. Dès lors, nous pouvons entendre d’une autre oreille l’exhortation du prophète Baruc : « Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours, enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu, mets sur ta tête le diadème de la gloire de l’Éternel » (Ba 5, 1).  Nous sommes sauvés, sauvés par Jésus Lui-Même qui est Dieu qui S’est fait homme. Elle est là notre espérance et notre joie. 

Alors oui, nous sommes bousculés et bien secoués en ce moment et les nouvelles consignes sanitaires viennent en rajouter une couche, nous replongeant dans cette période compliquée que nous espérions bien derrière nous… Mais nous sommes invités, résolument, à entretenir cette vertu d’espérance en nous. C’est le cri du cœur de saint Paul : « J’en suis persuadé, Celui qui a commencé en vous un si beau travail le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus » (Ph 1, 6). Le Seigneur ne nous abandonne pas à notre triste sort. Au contraire, Il nous sauve, Il nous relève, Il nous rachète en permanence, à chaque instant. C’est ce qu’annonce le prophète avec enthousiasme, cité par l’évangéliste saint Luc : « Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis » (Lc 3, 5). Il n’y a pas de crevasses, de ravins trop profonds ou inaccessibles à la grâce divine ! Nos montagnes d’orgueil, de suffisance de certitudes fondront comme cire devant la toute-puissance de Dieu et même ce qui est tordu, abîmé ou bancal dans nos vies peut être rétabli, affermi, guéri par le Seigneur.

Revêtu de lumière

À travers le sapin de l’Avent, cet arbre du péché du livre de la Genèse est à présent revêtu de lumière car le Seigneur est venu habiter notre monde si obscur, endosser notre vie humaine et lui donner une incomparable noblesse. C’est ce que nous disons dans le Credo : Jésus, qui est « consubstantiel au Père », « S’est fait homme » « pour notre Salut ».

Devant votre beau sapin scintillant, gardez à l’esprit que celui-ci nous dit un peu de cette splendeur de la Rédemption — Dieu qui rachète Lui-Même nos péchés — et, qu’à sa façon, il nous dévoile la beauté de cette lumière qui nous attend au Ciel. Et ceux qui sont mis devant les portes des magasins ou dans les vitrines, voyons-les comme un écho de la « voix de celui qui crie dans le désert » (Lc 3, 4). Beaucoup de nos contemporains qui se ruent dans les magasins pour dépenser, faisant de la Nativité une simple fête commerciale, ne les voient même plus, tellement ils font partie du packaging commercial de Noël. Mais nous, nous savons qu’ils peuvent tourner nos âmes vers le Ciel et qu’ils nous invitent à rendre grâce à Dieu pour le don de tout Lui-Même en Jésus. Avec le psalmiste, redisons « Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête ! » (Ps 125) Et que cette fête perdure en nous et porte du fruit !

Aleteia, Abbé Gaëtan de Bodard 

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