ATTENTAT A PARIS

Après la sonnerie du Glas dans nos 11 clochers hier à 12 h 00 pour toutes les victimes de cet attentat, nous nous retrouverons ce vendredi 9 janvier à 18 h 30 en l'église de Tinténiac pour la messe qui sera célébrée pour les victimes, leur famille et pour la paix. L'adoration eucharistique suivra la messe jusqu'à 20 h 00.

Voici le communiqué officiel de Mgr d'Ornellas, et deux interventions pour nous aider à discerner dans ce moment tragique.

Communiqué Officiel 
Attentat à Charlie Hebdo : « Quelle que soit la religion, Dieu est un Dieu de paix » Mgr Pierre d’Ornellas, Archevêque de Rennes réagit à l’attentat du 7 janvier 2015 dans les locaux de la revue Charlie Hebdo à Paris.

La barbarie à Charlie Hebdo me terrifie. Comment un tel assassinat est-il possible ? Pourquoi ? Ma pensée va aux familles si meurtries. Je pense aussi à notre vivre ensemble. Plus que jamais, protégeons notre fraternité. Sauvegardons notre liberté d’expression. Respectons nos différences dans le dialogue. Aucune croyance ne justifie la violence. Quelle que soit la religion, Dieu est un Dieu de paix. Quelle que soit la conviction de nos consciences, construisons ensemble notre fraternité, ce bien si précieux et si indispensable ! Notre commune humanité nous y oblige tous et chacun !
+ Pierre d’Ornellas, Archevêque de Rennes

Voici un ancien communiqué de Mgr Lustiger face aux attentats de 1996, malheureusement toujours d'actualité mais qui peut nous aider à discerner. 

«Notre combat pour nous, les chrétiens et tous ceux qui croient en Dieu, est de lutter avec les armes de la paix. Le terrorisme veut non seulement tuer mais surtout terroriser. Pour résister à la terreur, il faut vaincre la peur. On vainc la barbarie par la raison, le respect des personnes et de la dignité de tout homme (…) Il nous faut réfléchir car cette violence nous conduit à la sauvagerie et il ne faut pas nous laisser gagner par la haine ni par le désir de nous venger. Il ne suffit pas de protester ou de s'indigner Pour combattre cette bête tapie à la porte, qui est la haine et la volonté homicide -je ne fais que citer une phrase de la Bible dans le récit du meurtre d'Abel par Caïn - il ne faut rien moins que l'amour du Christ, le mystère de la Croix et aussi la force de la résurrection. C'est notre secret et c'est aussi notre mission. Priez pour que Dieu arrache la violence du cœur des hommes, du nôtre aussi, et qu'il console tous ceux qui pleurent» 
Mgr Lustiger suite aux attentats à Paris en 1996, source :institut Jean Marie Lustiger


Et voici l'homélie que le Cardinal Lustiger avait prononcé à la messe suite aux attentats du 11 septembre 2001. Source : Institut Jean Marie Lustiger


Jésus nous oblige à changer notre cœur, à changer notre regard sur les événements de ce monde. (…) Ces images nous rappellent les pires souvenirs: les deux cataclysmes passés qui ont ravagé l'Europe et le monde. Nous sommes pleins de compassion, d'amour et de pitié pour toutes les victimes. 
Ces images peuvent éveiller dans le cœur des hommes bien des sentiments, multiples et divers, pas forcément les meilleurs. Ils peuvent chez certains éveiller le désir de vengeance, multiplier les haines. Car la violence appelle la violence, la haine appelle la haine et le sang versé appelle la vengeance. 
Et c'est devant cet abîme du mal qu'aujourd'hui  nous frémissons. Non pas seulement devant un malheur qui s'abattrait sur une partie des populations du monde, ni devant les risques d'un cataclysme. Mais devant cette gangrène qui habite les cœurs, qui les gagne et fait que le plus doux et le plus honnête des hommes peut à son tour se transformer en meurtrier de son frère. 
Quel est le véritable ennemi qui s'est dévoilé en cette circonstance? La folie des hommes? Oui, mais cette folie a un nom; cette folie, c'est la haine. Cette folie, c'est le péché suprême, le péché de Caïn tuant Abel, du frère tuant son frère et oubliant non seulement le père commun selon la chair, mais oubliant Dieu qui nous a créés à son image et à sa ressemblance pour que nous nous aimions comme il nous aime. 
Et le vrai combat, il est ici. Si nous voulons arrêter le malheur, il faut arrêter et arracher du cœur des hommes la haine. Si nous voulons arrêter la guerre, il faut, comme Jésus le dit, être «artisan de paix»; et lui-même l'est au prix de son sang, par la croix. Si nous voulons que les hommes avec raison se fassent miséricordieux les uns à l'égard des autres et se pardonnent, il faut que nous fassions miséricorde. 
Le secret de la paix, c'est l'amour et le respect véritable de la dignité de tout être. Peut-être direz-vous et penserez vous comme dans les heures tragiques: «oui, tout cela ... je le désire mais l'autre ne le veut pas, l'agresseur ne le fait pas». Or, Jésus nous enseigne que la puissance de cet amour est plus forte que tous les défis et que celui qui paraît perdre est en réalité le vainqueur. 
Que l'amour est plus puissant que la haine car il peut désarmer même la haine, alors que la haine ne peut pas tuer l'amour. 
Que le pardon désarme la vengeance alors que la vengeance se repaît du refus du pardon. 
Que la vraie consolation, c'est celle qui donne aux hommes de faire confiance non seulement les uns aux autres, mais à Celui qui nous a donné ce monde pour que nous l'habitions et que nous le cultivions comme ses créatures, pour notre bonheur et pour celui de nos frères. 
Aussi, frères et sœurs, en cet instant où l'histoire des hommes semble hésiter entre un incident tragique dont les conséquences s'effaceront, ou le début d'un processus dont nous ne savons pas le terme, il nous faut vite identifier l'endroit où nous devons nous porter pour rendre témoignage à la dignité humaine, à l'amour, au désir de la paix, à la justice. 
Les conflits des hommes ne peuvent être résolus que si les hommes désirent les résoudre, que si la solution des conflits n'est pas encore une forme déguisée de violence. Il faut que le respect et la sécurité soient garantis; par qui? Mais par l'un et par l'autre. 
La réciprocité est la règle fondamentale des rapports humains. «Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'il te fasse». Cette règle, Jésus lui-même nous la donne, nous expliquant jusqu'où peuvent aller le pardon et l'amour que nous devons nous porter les uns aux autres. 
Quant à nous, chrétiens, en cette circonstance, nous nous souvenons qu'en ce monde des forces multiples sont à l'œuvre, qu'elles essaient de mobiliser ce qu'il y a de meilleur en chaque homme, à savoir son désir de connaître Dieu. Gardons-nous de céder à cette tentation qui ne ferait de ce désir de connaître Dieu qu'un instrument au service des ambitions humaines, des haines ou des combats. 
Nous devons refuser de considérer que ceux qui cherchent Dieu dans l'Islam puissent être plus incriminés que ceux qui le cherchent en étant fidèles à l'enseignement de Moïse ou en étant disciples de Jésus. 
Gardons-nous de penser que nous serions légitimes à trancher l'histoire des hommes en bons et mauvais. En tout homme, il y a cette tentation du refus de l'amour. En tout homme, il y a cet appel à aimer et à pardonner. 
Et nous, chrétiens, Jésus lui-même nous dit quel chemin nous devons suivre pour être avec lui, en lui et par lui, les artisans de cet amour, les artisans de cette paix. N'ayons pas peur de perdre. 
Nous gagnons tout avec lui. Puisse votre prière, aussi pauvre soit-elle, hésitante ou obscurcie par le drame et la douleur, ouvrir ce chemin de paix qui permet aux hommes d'espérer alors que s'ouvre ce nouveau millénaire dont nous pensions qu'il pourrait commencer sous d'autres couleurs et avec d'autres événements. 
Puissent les chrétiens être ces artisans de paix et trouver parmi les hommes ceux et celles qui suivront le même chemin pour que la parole prophétique de Michée entendue tout à l'heure devienne déjà une réalité en ce temps ci: quand les armes deviendront des outils de paix, quand régnera entre les hommes la paix faite d'amour et de pardon. Amen.

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