Laïcité ou séparation Église-État ? Une conférence avec Jean-Luc Marion à Rennes

Dans le cadre de la Journée Nationale de la Laïcité
Jean-Luc Marion, membre de l’Académie française et philosophe, est l’auteur de “Brève apologie pour un moment catholique” (Grasset, 2017). Cette conférence était suivie d’un échange avec Jean-Luc Marion, animé par Simon Pascal, journaliste à Ouest France, et avec la participation de 3 universitaires de Rennes 2 : Samuel Gicquel, maître de conférence en histoire contemporaine ; Jean Ollivro, professeur de géographie ; Louisa Plouchart-Even, maître de conférence en géographie humaine.

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Extraits de la conférence
Le professeur Marion a développé ses réflexions en 3 parties, sur la place et le rôle des catholiques dans la société française et particulièrement au regard de la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905.

Le positionnement des catholiques dans la vie politique française dans les deux derniers siècles.
Depuis la Révolution, les catholiques ont passé des alliances politiques avec les Libéraux ou les Conservateurs dans l’idée de redevenir majoritaires en France. Or « Il faut comprendre que non seulement la France n’a jamais été un pays totalement catholique mais jamais cette prise du pouvoir n’a été recommandée par la théologie chrétienne. »

« Il faut que les catholiques comprennent […] qu’il y a d’autres manières d’être utiles dans la société que d’exercer le pouvoir. »


« Nous avons à considérer que ce dégagement des chrétiens d’un projet directement politique est un travail de pensée qui est encore à faire. Il faut perdre cette nostalgie car c’est une faute spirituelle et théologique. »

Une réflexion sur la loi de 1905
« Le débat sur la laïcité française est profondément ambigu : par ignorance et par différentes formes de mauvaise foi. »

« J’ai lu la loi de 1905 […] elle n’emploie pas une seule fois le mot laïcité. […] La loi de séparation veut dire séparation entre les religions, qui sont toutes autorisées, et le gouvernement politique. »

« La société française n’est pas neutre religieusement et c’est à cause de cela que l’État doit être neutre. »

« Depuis 10, 20 ans nous avons compris à nouveau que la France n’était pas religieusement neutre à cause de l’Islam radical. »

« Le vrai problème c’est de savoir comment l’État peut, aujourd’hui, continuer à assumer la fonction qui lui est propre, celle de neutralité permettant l’exercice sans violence des différentes religions dans la société française. »

« Il n’y a pas d’adoration du vrai Dieu si l’on confond le vrai Dieu avec un pouvoir politique, c’est une règle absolue de la théologie chrétienne. Par conséquent, il y a deux raisons pour les chrétiens de soutenir et de défendre la séparation, il y a une raison politique et une raison théologique. »

Une réflexion sur ce par quoi les catholiques pourraient contribuer au bien commun de la société française.
« Je pense que le problème de la société française est directement lié à la devise de la République : Liberté, égalité, fraternité. »

« La question de la cohésion de la communauté nationale se pose aujourd’hui, très sérieusement. […] Qui sait pratiquer l’unité ? Créer de la cohésion : les gens qui pensent que l’union est essentielle, ceux qui pensent que l’union est une communion et s’il y a bien des gens qui ont été élevés dans la pratique de la communion, ce sont les chrétiens : ils sont tous sur ce mot d’ordre : “Soyez un comme moi et mon père nous sommes un″. Ce que les chrétiens ont à faire c’est pratiquer la communion comme il est écrit dans la 1re épitre de Jean “Comment peut-on aimer Dieu que l’on ne voit pas ? […] En aimant ton prochain que tu vois. ″ La communion comme activité fondamentale qui font que les hommes deviennent des chrétiens. »

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